Vieille et jolie sont des mots qui vont si bien ensemble…
Isn’t it ? En utilisant le mot vieille dans le titre de son livre, Sylviane Degunst fait bien sûr un peu de provoc et de second degré. Mais ce titre est aussi un vrai message : vieille et jolie ne sont pas antinomiques.
Vous pouvez d’ailleurs lire mon post : Aimons-nous vieilles.
» Il ne faut pas avoir peur de mot vieille. De toute façon, on n’est pas « vieux » à 60 ans. Evidemment, cela demande un peu de maintenance, mais on a la même vie qu’une fille de 20. Je ne me sens diminuée en rien. Mais dans mon livre, je parle aussi de la vraie vieillesse, pas celle où l’on a juste quelques rides. Car, parallèlement à ma « nouvelle vie » londonienne si exaltante, j’ai été confrontée à la maladie de mon père et les difficultés de ma mère. »
La pétillante Sylviane nous raconte sa découverte sur le tard (à 55 ans) du métier de mannequin suite à un casting sauvage dans les rues de Londres où elle a vécu quelques années. Elle a gardé de son passage outre-manche l’humour et la légèreté so british dans son écriture. Je l’ai rencontré il y a quelques années via son Instagram (@londonoeil). J’avais déjà un peu raconté sa nouvelle expérience dans un portrait VirAge : De l’édition au mannequinat.
Les mannequin ayant dépassé « la limite d’âge » à laquelle nous sommes si habitués sont de plus de plus nombreux. L’évolution (lente) de notre société commence à donner de la visibilité aux femmes de plus de 50 ans pour tenter de tourner le dos au jeunisme. Nous intéressons les marques ! Surtout notre pouvoir d’achat. Celles-ci commencent à comprendre notre besoin de s’identifier à des femmes de nos âges. D’autant plus pour des produits qui s’adressent à nous directement ( beauté, mode… ). Ras-le bol de voir des modèles qui ont l’âge d’être nos (petites)filles ! Le métier de mannequin silver a le vent en poupe, les chevelures blanches se libèrent, des agences spécialisées se développent.
Vieille mais si stylée.
J’aurai aussi bien pu faire avec Sylviane un portrait Une femme, un style (comme celui de Catherine Dupon). Le sien est unique.
Elle s’étonne quand je lui dis cela.
« Je n’aime pas la mode. J’aime le vêtement. Beaucoup me viennent de ma mère et j’achète essentiellement en seconde main. Ma mère qui a pourtant grandi dans une ferme a toujours eu une classe folle. Elle m’appris très jeune « à faire cafougnette ». À chiner, fouiller, toucher les tissus, vérifier une couture… Cafougnette était un marché avec des étals de vêtements vendus au kilo à Dunkerque. J’ai pris le goût des pièces uniques. Je n’aime pas trop le neuf en fait, ni afficher trop de luxe. Depuis très jeune, maigrichonne, j’ai adopté un style un peu androgyne pour « jouer » avec cela. J’ai d’ailleurs porté les cheveux courts très longtemps. Je ne pouvais pas comme les autres filles miser sur mes formes, la féminité. Alors, j’ai préféré ne pas m’habiller comme tout le monde »
Photos Instagram @londonoeil
Ce que j’aime chez Sylviane : alors qu’elle débarque à notre rendez-vous toute en bleu marine, une petite touche de fantaisie émane toujours d’elle.
Vous en connaissez beaucoup vous, des femmes qui se font des manucures juste avec des points de vernis au milieu de l’ongle?
Vieille et mannequin.
Mais Sylviane n’a pas du tout écrit un livre sur la mode. Elle nous raconte son expérience de mannequin à Londres, terre bénie du mannequinat silver (« les silver fox ladies »). Avec ses côtés top glam (tenues haute-couture, voyages, lieux de rêve…) mais aussi l’aspect moins fun (des casteurs pas toujours bienveillants, des propositions pour une pub contre les fuites urinaires, les heures d’attente, parfois dans la neige…)
J’aime beaucoup la façon dont elle parle finalement de sa capacité à se réinventer avec une joie pure, quasi-enfantine. Elle est sincèrement éblouie de ce qui lui « tombe » dessus. Et le narre avec une réelle fraîches et beaucoup d’auto-dérision. Elle a quand même démarré sa carrière dans une agence nommé Ugly Models (les affreux, les outsiders).
» Ce qui m’a le plus fascinée dans cette expérience, c’est que ce sont le plus souvent des jeunes qui m’ont choisie. J’en étais extrêmement flattée. Je suis devenue amie avec la plupart d’entre eux. Mais c’est la société anglaise qui permet cela. Tout le monde se mélange bien plus facilement qu’en France.
Et puis, cela m’a vraiment passionnée « techniquement ». J’ai fait des études de cinéma, j’ai été critique.J’adore être sur un plateau !
Avant ce casting sauvage dans la rue, je ne préoccupais pas vraiment de mon image. Grâce à ce nouveau métier, je me suis vue autrement que devant une glace. J’ai pu comprendre ce que je projetais. Je ne savais pas.
J’ai été très étonnée par mon aisance devant les objectifs ou les caméras. Mon père a toujours fait beaucoup de photos. Par goût ou au cours de mes expériences professionnelles, j’ai regardé énormément de photos. J’ai également fait beaucoup de danse, de la danse africaine pendant mes années de coopération en Haïti, cela m’a donné un maintien. Je sais poser. Ce qui ne m’empêche pas de vivre tout cela avec un certain sentiment d’imposture. »
De retour en France, Sylviane se désole de « moins plaire » aux français.
» En Angleterre, dans la mode, ils osent tout. Ils mélangent des jeunes, des vieux, des personnes de toutes les couleurs et toutes les formes. Ici, on cloisonne trop. Là-bas, on me disait que je faisais tellement française. Je suis probablement moins exotique ci :). »
Des agences de mannequins comme les autres.
Elle est toujours dans son agence anglaise Mrs Robinson. Où les femmes « matures » sont des « rétro women ».
Mais a aussi à Paris intégré l’agence Silver.
J’ai eu envie d’avoir quelques mots de leur directrice de booking Sylvie Fabregon. Qui en fait s’occupe de deux agences représentant des femmes et de hommes de 40 à 88 ans. Masters plutôt pour les comédiens, les « caractères » et Silver pour les vrais mannequins.
« Nous avons anticipé cet intérêt croissant des marques pour les plus de 40 ans il y a une quinzaine d’années. Il y avait un vrai créneau à prendre pour tous ces modèles qui avaient éblouies les années 70/80. Chez Silver, nous recrutons des femmes et des hommes qui ont déjà une expérience (qui savent poser, se maquiller…) mais surtout nous choisissons des personnes qui aiment bien vieillir, qui assument leur âge. Et qui du coup vieillissent bien. C’est d’ailleurs toute une génération qui ne vieillit pas comme la précédente. Qui veut rester sur le devant de scène. Qui continue à marier âge et beauté, âge et mode.
Les agences ont très bien marché dès le départ. Mais c’est vrai que depuis 4/5 ans toutes les marques se mettent à intégrer des « silvers » dans leur communication. Cela avance doucement mais sûrement. C’est à l’ensemble des femmes de faire bouger les lignes De montrer qu’elles sont capables de se projeter dans tous les types de femmes. Les marques ont toujours peur qu’elles n’achètent pas si on ne leur propose pas de la jeunesse, de la perfection… »
Quelques mannequins de l’agence :
Alors bonne route… sous les objectifs Sylviane !
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Bonjour, bravo pour cet article qui fait du bien…C’est vrai que passé 50 ans, on manque de repères. Comment s’habiller sans faire dans le jeunisme ou dans la mémère ? C’est subtil et pas toujours simple mais passionnant. On est sur le fil du rasoir en permanence mais le plus important c’est de s’accepter et d’arrêter de lutter, être bienveillante envers soi même et faire du mieux possible. J’essaie…
C’est vrai que c’est plus facile à dire qu’à faire. Bon dimanche. Virginie
J’aime beaucoup cette femme atypique qui s’assume mais pour les agences moi qui suis chez Masters je peux dire que rien de bouge !je n’ai jamais eu aucun casting de chez eux alors que lorsque j’y suis allée pour m’inscrire …on m’a dit que j’allais bosser 🙂
Bref ça n’avance pas ou a pas d’escargot:-)
Les français sont trop frileux … malheureusement …
Mais il y a le casting sur Instagram!
Bises
On est encore très loin du « melting pot » anglo-saxon…
Bon dimanche.