Femmes de plus de 50 ans

Aimons-nous vieilles !

Le vieillissement est le pouvoir secret de la femme.

Le vieillissement? Notre pouvoir secret?  Waou ! Enfin une bonne nouvelle en cette rentrée. De quoi rebooster son estime de soi, non?   Et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le titre d’une étude américaine qui s’est penchée sur nos vieux os.

Âgées et heureuses !

Cette étude made in US est claire : la personne âgée, aigrie et grincheuse ne correspond plus du tout à la réalité.

Au contraire : nous aurions tendance à être plus heureuses en vieillissant. Nous nous décrivons comme apaisées, optimistes, joyeuses et pleines de vie. Et comme faisant moins faire preuve d’agitation, de nervosité ou de tristesse que les personnes dans la vingtaine, la trentaine et la quarantaine.

Ces « propos » sont étayés par bon nombre de publications scientifiques démontrant que le bonheur est en gros  une courbe en forme de U. Il diminue vers la quarantaine pour remonter ensuite.

Heureuses et ambitieuses.

Non seulement nous sommes plus heureuses que d’autres groupes d’âge, nous sommes également beaucoup plus productives que l’on ne le croit généralement. Car finalement, toutes les qualités citées plus haut (expérimentée,calme, posée…) sont les bases d’un bon leadership.

Une autre étude américaine citée dans ce papier démontre que le nombre de personnes de plus de 65 ans restant dans la vie active a doublé depuis 1985. De plus en plus de « vieux » commencent même de nouvelles carrières.
Après 50 ans, les femmes, débarrassées des contraintes familiales, sont de plus en plus nombreuses à épouser…  une seconde carrière. On les appelle même les « returners » (les revenantes). Le nombre de femmes de plus de 55 ans développant des projets de start-up a augmenté de 67 % entre 2006 et 2016. Celui des cheffes d’entreprise âgées de plus de 65 ans a grimpé de 132%.

Bon, j’ai quand même le sentiment que bon nombre de DRH n’ont pas lu cette étude !

Mais il est indéniable que nous vivons, aujourd’hui, avec des objectifs et des ambitions que n’auraient même pas pu imaginer les générations précédentes.

Mon sentiment de puissance ou d’empowerment, pour utiliser un mot à la mode, n’a pas explosé à la lecture de cet article. Mais cela me conforte dans l’idée qu’il est impératif de changer l’image que nous avons de notre propre vieillissement.

Et j’ai envie de citer Nancy Pelosi qui a 80 ans, toujours extrèmement puissante dans le paysage politique américain, a toujours le même mantra :

« Les gens ne vous donnent pas le pouvoir. Vous devez le prendre. »

Nous sommes l’avenir de notre vieillesse : #AgePride

J’ai souvent utilisé le mot de MenopauWer dans bon nombre de mes posts (Lire Ma ménopause et moi).

Car je pense très sincèrement que notre génération de quiquas, sexas… bouleverse totalement les codes jeunes/vieux. Que nous faisons exploser les clichés liés à l’âge. Que nous contribuons à lutter (même si je n’aime pas ce vocabulaire de combat) contre la une péremption féminine programmée socialement depuis les chasseurs/cueilleuses.

Ok, je vis dans un milieu privilégié mais quand je regarde autour de moi, mes amies, les femmes croisées dans mes activités pro, je suis très très loin de voir de « veilles femmes » qui n’auraient plus rien à apporter à la société.

Alors que nous avons grandi avec une image désespérante de la vieillesses en générale et de celle des femmes en particulier, nous avons une place à prendre. Et nous sommes la première génération à pouvoir la prendre. Et j’adore cette idée de « pionnières ». 

Si nous portions fièrement notre âge sans rivaliser/se comparer avec les plus jeunes (chacun ses atouts), nous en serions les premières gagnantes.

« La meilleure façon de prédire l’avenir est de le créer. »

Peter Drucker.

Mais peu plus de sororité nous ferait vraiment du bien.

De la bienveillance, bordel !

Déjà envers nous-mêmes. Et nos auto-critiques. Le plus souvent, on se disqualifie d’entrée de jeu (ce n’est plus de mon âge, je ne suis plus assez ceci ou cela, j’ai l’air d’avoir 100 ans…).

Et envers les autres femmes.

Moi, j’avoue avoir une réelle tendance à penser que toutes les femmes de mon âge font plus âgées que moi.

Et que celle qui n’a jamais pensé : « Elle a pris cher Céline » ou « Elle n’a pas trop forcé sur les injections Madeleine ? » me jette sa première crème anti-rides.

Par exemple, nous sommes 4 femmes à avoir été sélectionnées par Marie-Claire pour tester une nouvelle crème Shiseido (sans aucune contrepartie financière me sens-je obligée de préciser).

Quand notre photo est passée sur leur page Facebook…

 

Shiseido, test de crème pour Marie-Claire, vieillissement.

 

Qu’est-ce qu’on s’est pris dans les commentaires ! Qui disaient en gros que la crème ne marchait vraiment pas parce que l’on faisait vieilles. Allez, je vous en cite un : « Acceptez-vous comme vous êtes. Arrêtez de vouloir la jeunesse éternelle. Vous y passerez aussi à la morgue. Je préfère une femme ridée et naturelle qu’une fausse poupée de cire. » Pourtant nous avions chacune un discours plutôt positif sur notre vieillissement.

Et il serait bien, même si beaucoup de progrès, que les labos nous filent un petit coup de main et arrêtent de nous parler de rajeunissement. Mais juste de beauté. Bien sûr, la nôtre est différente et a des besoins particuliers. Pas besoin de vouloir nous « ramener » en arrière.
La médecine esthétique tempère également son discours pro-jeunesse. En nous parlant plus d’émotions par exemple (voir post : La médecine esthétique)

La femme est un vieux comme les autres? Ben non !

L’âgisme est particulièrement sexiste ! La discrimination homme/femme est impossible à nier.

Un homme vieillit bien. Une femme vieille est forcement « enlaidie ». Ceci nous est présenté comme une évidence de nature.

Notre sentiment d’infériorité latent vis-à-vis des hommes s’amplifie avec l’âge. Une femme de 60 ans se sent toujours inférieure à un homme de 60 ans. Pourquoi?

Déjà parce que justement ces hommes sont atteints d’une forme de presbytie bien particulière qui nous floute de leur champ de vision.

Bon, je ne vais pas piler du viagra dans le verre d’un homme dans la soixantaine (après avoir versé du somnifère dans ceux de toutes les femmes de moins de 45 ans présentes) pour le forcer à désirer ma vieille peau (vous voyez à peu près mon niveau de confiance)….

Alors tant pis. Ma jeunesse fut volage puis j’ai connu le grand amour angulaire de mon existence. Pour le moment, je vais m’inspirer de Jane Fonda. Je vous recommande chaudement le doc Citizen Jane sur Arte. Quelle nana ! Elle y déclare être dans le troisième acte de sa vie et avoir choisi de le jouer en solitaire en expliquant :  » Quelque chose de très important m’est arrivé. J’ai cessé de vivre dans ma tête pour habiter mon corps. Il m’a fallu 60 ans pour comprendre que bien qu’étant une féministe dans ma tête, je ne l’incarnais pas moi-même car toute ma vie personnelle était conditionnée par le désir de plaire aux hommes. »

Voilà qui me parait libérateur. Alors que même très mariée, j’ai toujours eu le sentiment d’avoir besoin de vivre au travers des regards masculins.

Et puis finalement, je pense que c’est ce « détachement » qui peut rendre irrésistible les femmes de plus de 50 ans.

 

Vieillir en l’acceptant est un travail en soi.

On peut partir du principe que l’on devient vieux parce que l’on se sent vieux. Nul doute qu’il faille tordre le cou aux clichés liés au vieillissement. Mais il faut également accepter une nouvelle fragilité, certaines pertes. Rester en accord avec soi-même tout en acceptant de ne plus être tout à fait la même.

Bien sûr, c’est plus facile à dire qu’à vraiment penser.

Je dois avouer que j’écris, parfois, dans ce blog des choses pour d’abord m’en persuader moi-même.
Le plus souvent, mon miroir est plutôt une source de coup de blues. Je peux avoir le plus grand mal à aimer ce qu’il me renvoie.

Mais je cherche à prendre soin de moi physiquement et mentalement. J’aime garder la futilité essentielle qu’est le gout du vêtement, de l’allure, du look.

Avec une petite to do NOT list :

  • Refuser une sortie parce que non prévue à l’avance (ou parce qu’il y a Koh Lanta)
  • Râler parce que le service est trop lent au resto (mes enfants me traitent de vieille grincheuse)
  • Immédiatement penser que j’ai Alzheimer dès que je ne trouve pas mes clés.
  • Chercher une place assise dès que j’arrive dans une soirée et ne plus en bouger (quitte à crever de faim ou de soif) pour ne pas risquer de la perdre.
  • Me réjouir d’un agenda peu rempli.
  • Dire sans cesse « Je suis crevée » car : c’est le changement de saison; ce mois de novembre est trop déprimant, c’est les fêtes, cet hiver est interminable…

J’aime la philosophie de Benoîte Groult qui parlait de réinventer, pour le préserver, son rapport hédoniste à l’existence. En développant une curiosité permanente pour les évolutions socio-politiques du monde, une recherche de plaisirs sensoriels quotidiens, une appétence pour l’effort physique (à ajuster en fonction des transformations du corps au fil du temps).

J’ai vu un interview de Bernard Tapie qui expliquait que ce qui l’aidait à lutter contre son cancer n’était pas le moral ou la volonté mais l’énergie. Je ne compare évidemment pas le vieillissement au cancer. Mais j’aime bien cette idée d’énergie. Qui serait notre meilleure alliée contre ce que nous ne voulons pas du vieillissement. Ce que traduit également Laure Adler qui déclare sur France Inter :

« Suis-je vieille? J’ai tous les âges à l’intérieur de moi. Ma vitalité est intacte.Ce pays aux contours flous me semble plein d’avenir. »

 

J’ai pendant l’écriture de ce post vu une pub dans le métro pour des produits de seconde main – ce que nous sommes en fait, mais soyons fières d’avoir un vécu (le vintage est tellement tendance!) )- cette accroche publicitaire que j’ai trouvé géniale et finalement très appropriée :

IL ÉTAIT UNE DEUXIÈME FOIS…

Alors comme, nous sommes toujours des petites filles croyant encore aux contes de fée…

Et, elle n’est pas géniale notre Chrissie Hynde qui sort un nouveau CD à 69 ans. Une vraie menopauWer woman !

 

 

Chrissie Hynde, 69 ans, vieillissement

 

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17 commentaires

  1. christine zc a dit :

    Bonjour ,dans les grandes lignes j’adhère comme on dit..mais je ne me sens pas inférieure à une homme de 60 ans ni de n’importe quel âge et je me bats tous les jours ou presque parce que ce sont les hommes qui me croient inférieure à eux..dans le groupe où je suis active et auquel j’ai vendu la société que j’avais créée ,j’ai un des plus hauts salaires mais au niveau décisionnel il faudrait encore et toujours que je fasse mes preuves..c’est eux qui nous font douter..et physiquement bon ben c’est pas si mal,en dehors des normes mais pas si mal

    1. virginie a dit :

      C’est justement grâce à des femmes qui ne se sentent nullement inférieures, que la société évoluera. Belle journée.

  2. Ah la fameuse forme de presbytie si particulière qui nous floute du champ de vision des hommes et pas qu’eux passées 60 ans !!!!

    Merci pour ces mots ..

  3. Catherine CHITARRINI a dit :

    J’ai 75 ans et je suis toujours jeune dans ma téte!!! j’adore rire et faire rire..les rides c’est pas grave s’effacent avec le sourire !!! le seule problème c’est quand on sort de sa voiture après 2 heures de route…la remise sur pieds et un peu difficile ..AH!AH!!

    1. virginie a dit :

      Ca peut même m’arriver certains matins. Pour sortir du lit. 🙂

  4. Catherine C a dit :

    Cc Virginie, un article bien énergisant….Moi je trouve que vieillir c dur,mais c ainsi et l’on n’a pas le choix alors on essaie de le faire le mieux possible et utiliser qques artifices ne fait de mal à personne. Oui l’énergie est souvent ce qui manque en veillissant même si l’envie est toujours là, mais l’énergie c autre chose….
    J’ai bienôt 65 ans, et connu beaucoup d’avancées féministes, mais suis inquiète pour l’avenir de nos filles, au vu de ce que l’on voit dans les médias : trop dénudée, trop décolletée, trop court etc…..Mais bon aujourd’hui l’information passe plus vite et l’on ne laissera plus rien passer. Bonne journée.

    1. virginie a dit :

      Il est vrai que parfois, on a le sentiment que certaines choses redressent. Vigilance !

  5. Simone Daoust a dit :

    Juste à point! Justement le texte que je devais lire en ces temps de peu d’estime et un peu la peur de ne plus être la même

    1. Merci pour cet article
      Je ne comprends pas les femmes qui n’acceptent pas de vieillir
      De toutes les façons certains détails nous trahissent la vue , les rides du cou …
      Ce qui est important c’est de rester jeune dans sa tête comme une personne le disait précédemment , de s’habiller avec vêtements de notre âge tout en hésitant pas à porter de la couleur
      Quelques fois nous avons des baisses d’énergie mais ça revient
      C’est toujours un plaisir de vous lire

  6. Je me suis fait remonter les bretelles par ma fille ce soir. Elle m’a reproché de m’être moquée de Madonna ou plus exactement de son chirurgien esthétique… «Elle fait ce qu’elle veut et t’as pas à la juger ». Effectivement… Qui je suis moi pour dire ce qu’il convient ou non de faire pour continuer de se trouver belle ? Surtout quand ll s’agit de Madonna… un peu plus de sororité ? Oui, c’est sûr que ça nous ferait pas de mal et que ça nous rendrait bien plus forte face à l’adversité du temps qui passe.
    Chouette article (et très bon son )

    1. virginie a dit :

      Petite leçon de bienveillance de sa propre fille 🙂 Mais, c’est vrai que c’est vraiment presque instinctif de « juger » les autres. Beaucoup de ces stars en font probablement trop, je suis d’accord. Mais, finalement ça les regarde. Mais, je pense qu’elles ont une pression énorme pour le faire, c’est cela qui est vraiment dommage/triste

  7. Aimons-nous vieilles puisque de toutes façons nous n’avons pas le choix. Pour moi, chercher à me rajeunir, courir après la jeunesse éternelle serait une perte de temps. Je préfère profiter de ce nouvel âge qui a ses difficultés c’est certain, mais qui nous offre aussi beaucoup : la liberté (les enfants sont grands et parfois, on a lâché la vie de couple), le sentiment qu’il faut profiter et donc etre plus consciente de l’instant présent. Profitons donc de notre âge en pleine conscience.
    Merci pour cet article Virginie.

    1. virginie a dit :

      Il faudrait arriver à se dire (mais pas facile tous les jours), que c’est ni moins bien, ni mieux qu’avant. C’est juste différent. Bonne journée.

  8. Ce post est un booster, je commence la semaine avec encore plus de pèche ! Les femmes de plus de 50 ans commencent à avoir de plus en plus de visibilité dans les médias et ça change la donne. Soyons honnêtes malgré tout : les médias cherchent les ´belles femmes’, pour les autres, à moins d’être citées comme expertes d’un domaine, c’est encore l’invisibilité. Mais petit à petit, c’est en train de changer.

    1. virginie a dit :

      J’ai crée ce blog il a plus de 6 ans et le changement que j’observe est indéniable. Bien sûr que la beauté est encore un critère de mise en avant. Mais comme pour les plus jeunes, non?

  9. Vous écrivez : « Je dois avouer que j’écris, parfois, dans ce blog des choses pour d’abord m’en persuader moi-même ». C’est sûrement en rapport avec la citation que vous faites de Jane Fonda qui a su à chaque âge de sa vie communiquer via les médias une image d’elle-même comme étant le must de l’époque : fille de…., femme de…., engagée politiquement, accro à l’aérobic, blonde sexy, châtain révolutionnaire, octogénaire épanouie en solitaire. S’affranchir des regards masculins…pas besoin d’avoir un sursaut de lucidité ou d’énergie pour le décider, à partir d’un certain âge ça vient tout seul !

    1. LOISEL a dit :

      Ah, cette dernière phrase !… »Pas besoin d’avoir un sursaut de lucidité ou d’énergie pour le décider ; à partir d’un certain âge, ça vient tout seul »… Femme hyper active, féministe et bien dans ses escarpins ou ses baskets…J’ai maintenant 80 ans, ai subi de lourdes maladies et interventions qui me laissent sans beaucoup de forces. Ce n’est pas la volonté qui me fait défaut, la lucidité non plus…
      Il ne sert à rien de se cacher le rôle primordial que joue LA SANTE dans tous nos beaux discours ! Je ne cherche pas à me plaindre ni à vous saper le moral, mesdames : Je vous demande seulement un peu plus de « recul » et d’empathie pour…les autres :
      LUDILO

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