Une cure ayurvédique pour apprendre à prendre soin de soi

C’est effectivement le principal enseignement que j’ai tiré de cette cure en Inde: l’importance de prendre soin de soi… Un des meilleurs conseils pro-âge! Vive l’ayurvédique !

J’avais toujours rêvé d’aller en Inde. Mais ce pays me faisait peur. D’ailleurs, je ne me sens toujours pas prête à affronter ses grandes villes.

Depuis quelques temps, des amies me parlaient de leur cure ayurvédique. Du bien que cela leur avait fait. Tant sur le plan corporel que spirituel.

Parallèlement, je cherchais à arrêter de fumer. Cela me semblait impossible. J’avais déjà essayé beaucoup de méthodes. En vain.

Les deux idées ont fini par se « télescoper ». Et, si je partais faire une cure ayurvédique pour arrêter de fumer?

Je ressentais aussi profondément le besoin de faire quelque chose qui m’amènerait vraiment dans un ailleurs. De faire un cadeau à mon corps. Le sentant atteindre certaines limites (trop de malbouffe et de fumée).

Je me lance donc avant l’été 2017 et je réserve un séjour de 15 jours dans le Kerala, dans le sud-ouest de la péninsule indienne au Bethsaida Hermitage (1600€ en pension complète avec les soins).
Y partir seule me semblait aussi important. C’est la première fois de ma vie que j’allais partir en solo quelque part. Comme quoi, il n’y pas pas d’âge pour « les premières fois »!

 

Alors, c’est quoi l’ayurveda?

Une médecine, une philosophie, un art de vivre?
Un peu des 3 en fait.
Ayurveda signifie « science de la vie ». C’est un sytème de santé holistique. Car il envisage l’être humain dans son ensemble: physique, émotionnel, mental et spirituel.

Il y a 5 éléments : l’eau – la terre – le feu- l’air- l’éther. Qui forment des paires appelées doshas.

Qui sont au nombre de 3 : Pitha (feu + eau) – Kapha (eau + terre) – Vata (éther + air).

L’ayurveda repose sur l’équilibre de ces 3 énergies fondamentales (doshas) réparties dans des proportions propres à chacun.
Le principe est alors simple : Nous naissons tous avec une constitution énergétique propre qui évolue et dont il faut maintenir un certain équilibre tout au long de sa vie.

Comment ça marche une cure ayurvédique?

L’une des grandes pratiques de la médecine ayurvédique consiste en l’application d’huiles complétées de plantes sur le corps et sur la tête.
La peau est un organe émonctoire. C’est à dire chargée de l’élimination des déchets et des toxines. Elle est le passage pour atteindre nos organes.
Notre alimentation est considérée comme notre meilleur remède. En occident, nous pensons en termes de nutriments, de vitamines, d’apports pour le corps. L’ayurveda a un schéma de pensée très différent. On y développe la science des six goûts : doux – acide – salé – piquant – amer – astringent. Chaque aliment détient un type d’énergie (chauffante ou rafraîchissante) et un type de digestion lui correspondant.

La veille de mon départ, je fais une séance d’hypnose pour « alléger ma lutte contre le tabac. Je suis terrorisée de souffrir de la perte de cette foutue clope qui m’accompagne depuis plus de 30 ans. Mais je sais, au fond de moi, que ce voyage va m’apporter beaucoup.
Je n’irais pas jusqu’à parler d’une quête spirituelle. N’exagérons rien ! Mais j’ai bien en tête cette phrase du Dalaï Lama :

Once a year go somewhere you’ve never been before. 

Alors je m’envole pour l’Inde à découverte de mes doshas !

Et là, pour du jamais vu, jamais vécu, jamais ressenti..

J’arrive au Bethsaida Hermitage : un endroit de rêve entre mer et jungle.

 

Ma valise à peine débouclée, j’ai rendez-vous avec mon médecin, le Dr Shayana, une femme d’une cinquantaine d’années qui respire la douceur. Elle me fait remplir un questionnaire sur mes habitudes de vie. Elle étudie mes traits, ma morphologie. Elle écoute mon pouls de façon très recueillie et me pèse.

Son diagnostic tombe : je suis pitha-kapha.
Nous avons tous les 3 doshas mais 1 ou 2 sont dominants.

Moi, c’est mon kapha qui a besoin d’être rééquilibré. Son déséquilibre entraîne des problèmes au niveau des bronches et des muqueuses, de la rétention d’eau et une mauvaise digestion.
J’aurais donc un « body detox programme », un processus de nettoyage et de rééquilibrage totalement personnalisé. Au resto, une partie du buffet ‘Kapha diet » est réservé à mes semblables de doshas.

Mon médecin me fait enfin une ordonnance de phytothérapie traditionnelle. Pour booster mon métabolisme, résoudre mes problèmes de digestion et me rendre de l’énergie. Plus une poudre à avaler quand le besoin d’une clope devient très fort (= tout le temps).

Quelques heures plus tard, je suis entre les 4 mains magiques de Bindubinu et Sunitha,  mes deux thérapeutes/masseuses pour mon premier Anhyangam -massage aux huiles.

 

Le mot massage n’est pas le plus approprié d’ailleurs. Il ne s’agit pas de « masser » les muscles mais de faire pénétrer dans le corps, par la peau, des substances oléagineuses qui vont lui apporter les nutriments qui font défaut.

Bindubina m’assoit tout d’abord et fait une petit rituel de recueillement et commence à me malaxer le crâne, les épaules et les bras.

Puis je m’allonge et des litres et des litres d’huile me sont versés dessus et appliqués de façon extrêmement ferme (non, ce n’est pas toujours agréable). À partir de ce moment, j’aurais perpétuellement le « cheveu gras ». Un simple shampooing ne suffira jamais à me rendre une chevelure propre.

Après chaque soin qui dure 2 heures, on doit rester au moins 1 heure à se reposer en buvant chaud, sans se doucher ni se mettre au soleil. Et chaque protocole de soins est répété sur deux jours.

 

Du bon déroulement de ma cure ayurvédique.

J 2 : Abhyangan + Shirodhara + Thalam.

Abhyangan : c’est le massage « basique » aux huiles.

Shirodhara : des huiles médicinales chaudes sont versées de manière continue sur le front avec une espèce de chaudron percé d’un trou au milieu.

L’extase totale! Je m’entends ronfler. Je ressors avec la banane affichant une large sourire inspiré « peace & love ».

Thalam : Un mélange de poudre et d’huiles est appliqué sur le crâne, sur la raie du milieu.

Point clope.

Alors je vais le dire une fois pour toutes: le manque est présent à chaque instant. En même temps, je n’ai pas envie de prendre une cigarette (merci l’hypnose). Et heureusement, j’ai une clope électronique pour ne pas me manger les mains.

 

J 4 Abhyabgam + Elakizhy + Kashydhara.

J’aurais ce protocole sur 3 jours.

Elakizhy : des feuilles de plantes et des poudres sont empaquetées dans des petits sacs en coton. Mes 2 thérapeutes (qui sont la joie de vivre incarnée) me tamponnent fermement tout le corps pendant près d’une heure.

Kashydhara : des litres de « medecine water » chaudes sont déversées sur tout mon corps. Je ressens comme un grand nettoyage.

 

Point bouffe.

J’ai toujours adooooré la cuisine indienne. Mais plutôt obédience butter chicken et cheese nan.

Bhindi jalfrezi, red spinach thorn, carrot copper penny salad, dal abroad, cabbage fugath… Mais quel art d’accommoder une multitude de légumes ! La nourriture est totalement végétarienne et bourrée d’épices. Les épices ont effectivement une importance fondamentale en ayurveda.

Je me suis vraiment régalée. Une explosion de saveurs à chaque repas.

Boire frais est ce qui m’a le plus manqué. C’est déconseillé par la médecine ayurvédique. Il faut boire à température ambiante ou chaud (encore mieux). Je décide de me mettre à l’eau chaude additionnée de gingembre qui facilite la digestion.

J 7 : Le cleaning day !

La veille, mon médecin m’avertit :

« Demain, on va vous apporter une boisson à 7 heures du matin. Je ne vais pas vous mentir : ce n’est pas bon. »

Puis avec un petit sourire entendu, elle me conseille de passer la matinée tranquille sur ma petite terrasse. Traduire par : ne pas s’éloigner des toilettes. Et de boire 2 litres d’eau chaude.
Effectivement, quand ÇA arrive au petit matin, tu comprends très vite que la journée ne va pas être des plus agréables.
Elle ne l’a pas été !

C’est vraiment immonde à avaler. Genre boue. Je vous passe les détails, mais je me vide… vraiment.

J’ai le droit de déjeuner et de dîner mais pas de fruits ni de crudités. Je vais me sentir faiblarde et nauséeuse toute la journée.

Point touriste.

Au bout de 4 jours, je vais m’enhardir et prendre parfois un tuk-tuk ou un taxi pour me balader. Ma découverte de cette partie de l’Inde prendrait plus qu’un simple article. Mais je n’avais jamais vu un pays comme l’Inde.

 

Elle est unique. Elle est fascinante. Il y règne une atmosphère difficilement descriptible.

Je vous raconte quand même une des mes expériences parce qu’elle a complètement enrichie cette cure ayurvédique ici. 

 

J 8 : Unhwarthanam + abhyanga + nasyam.

Bindubinu s’exclame « slim slim » en me voyant et en me touchant le ventre. Je l’aime d’amour!

Unhwarthanam : C’est un massage avec des poudres tièdes pendant 45 minutes. Je le rappelle, toujours à 4 mains. Ce type de soin est censé être efficace pour réduire le poids et redonner force et stabilité.

On enchaîne avec un abhyangan. LE massage aux huiles.

Nasyam : Bindubinu avait cueilli quelques feuilles devant la cabine de soins pour préparer une décoction que je vais devoir inhaler. Elle me versera ensuite de l’huile directement dans les narines. Moyen sympa.

Je commence vraiment à me sentir plus « légère ». Au propre comme au figuré.

Je n’ai plus aucun coup de mou. Je me sens – enfin- au bon endroit au bon moment. Ce qui est difficile pour moi

J’avais apporté pas mal de bouquins censés m’aider à réfléchir à qui suis-je, où vais-je? Mais bizarrement je n’arrive pas à lire. Alors je me recentre sur mon corps. Je ressens une réelle envie de lui faire du bien.

 

Point yoga.

2 possibilités de cours de yoga : 6h45 (oui, on se lève tôt là-bas) ou 17h . J’ai alterné les 2. Mais je ne serais jamais une grande yogi. Je n’arrive pas vraiment à rentrer dans le truc même si j’apprécie vraiment l’aspect stretching de cette discipline.

 

J 10 Abhyangan + pizhichil + talapothichi + facepack.

Se balader avec une feuille de bananier sur la tête : fait !

 

Pizhichil:  waou! Ce soin est la combinaison de 2 traitements ayurvédiques classiques : l’onction d’huile et la sudation. 15 litres d’huiles chaudes me sont versés sur le corps en essorant des linges régulièrement trempés dans un chaudron. Relaxation totale ! Un traitement contre les fatigues nerveuses.

Facepack : Un très long et très agréable massage du visage avec applications de divers masques.

Talapothichi : une pâte est appliquée sur le haut de la tête et maintenue par une feuille végétale. Il faut la garder au moins une heure.

J 12 njawarakizhy + steambath.

Me retrouver enfermée dans un rudimentaire tonneau en bois (sauna) avec une planche amovible m’enserrant la tête : fait aussi !

 

Njawarakizhy : le nirvana ! On reprend le principe des petits sacs en toile tamponnés sur l’ensemble du corps. Là, ils sont remplis de riz et trempés dans du lait chaud agrémenté de plantes diverses. C’est doux, enveloppant, cocoonant avec une délicieuse odeur de lait chaud.

 

 

 

 

J 14 : Abhyangam + shirodhara + thalam : le dernier jour.

3 soins que j’ai déjà eu qui résument parfaitement cette cure : de l’huile, encore de l’huile, toujours de l’huile.

Je vais voir le docteur Shayana. Elle me fait  une nouvelle ordonnance : des gellules contre la rétention d’eau, d’autres pour m’aider à contrôler mon poids. Et me donne ses derniers conseils pour mon retour « à la vie civile ». Des conseils de vie pour mieux équilibrer mon kapha. Faire du sport, me réveiller idéalement avant 6 heures du matin (ce que je n’ai pas fait), ne pas faire la sieste, éviter les atmosphères humides… Je dois également privilégier les aliments au goût épicé ou amer et éviter ceux aux goûts sucrés et aigres. Pas trop de formages ni laitages. Ne sucrer qu’au miel. Et boire de l’eau chaude avec du gingembre pendant les repas pour stimuler une digestion paresseuse.

Je repars délestée de plus d’un kilo. Les gens en perdent 4 en moyenne. La victoire est pour moi d’avoir arrêter de fumer sans rentrer dans une logique de prise de poids si redoutée.

Je me sens légère débarrassée en tous les cas du poids des toxines. En fait, j’ai l’impression avoir opéré un reboot.

Et, un truc de dingue, sur cette photo prise le matin de mon départ : je me suis vraiment reconnue. Je me suis dit : oui, c’est bien moi ! Ce qui ne m’était pas arrivé depuis hyper longtemps.

 

 

 

Un an après cette cure ayurvédique.

J’essaie d’être à l’écoute de mon corps. D’être beaucoup plus en empathie avec ma carcasse. De prendre soin de moi.

Je ne fume toujours pas.

Que je prenne un bain ou me mette de la crème, j’essaie de le faire « en pleine conscience ». Du bien que je fais à mon corps.

Je fais dès que je le peux des massages… J’adore le massage thaï qui est essentiellement à partir d’étirements. On en sort « grandi »!

J’ai réellement doublé la part des légumes dans mon alimentation. Et, je mange beaucoup moins de viande.

 

 

 

Shanti

Paix, calme et sérénité.