Déménagement, changement, bouleversement…
Le (grand)déménagement : presque un titre de film. Effectivement : une vraie aventure. J’ai même envie de dire une épopée… émotionnelle.
La définition est pourtant si simple : action de changer de domicile. Si on prend l’étymologie du mot, on pressent que cela ne l’est pas tant que cela. Il s’agit de changer de « ménage »au sens de maison, de son intérieur, de son (chez) soi. Effectivement, cela touche profondément à l’intime. C’est aussi un passage, un seuil à (dé)franchir. C’est partir sans revenir. Une porte qui se ferme de façon définitive…
Bien sûr, une autre s’ouvre, mais sur quoi?
Le point de départ.
Cela fait des années que je sais au fond de moi devoir un jour quitter mon (grand = gros loyer) appart dans le 15ème à Paris. Depuis la mort de mon mari, il y a 9 ans, j’ai tout fait pour le garder. J’adorais cet appart avec sa grande terrasse vue imprenable sur la Tour Eiffel. C’était le lieu où nous avions vécu tous ensemble, où mes enfants et moi nous étions ensuite reconstruits.
Au mois d’octobre dernier, mon fils a quitté la maison. Le choc, même si j’étais préparée par plusieurs long séjours à l’étranger (d’ailleurs, si vous voulez faire un petit tour au Japon, c’est ici : Virginie à Tokyo.). Au même moment ma fille était en stage loin de Paris. Bref, je me suis retrouvée un peu comme une conne à errer dans ce lieu désempli.
J’avais hérité de ma mère d’un petit 2 pièces dans le même quartier qui m’aidait à payer le loyer. Mais parallèlement, ma locataire dénonce son bail. C’est un signe : il est temps de le vendre et de devenir enfin propriétaire de mon lieu de vie. Vente concrétisée en 2 jours !!!
Bref, tout s’est accéléré… Je me suis mise en recherche. Financièrement, pour avoir une surface correcte (et un extérieur), je devais passer le périph alors que je n’aurais jamais pensé ne plus être une parisienne pur jus.
Aujourd’hui, depuis 3 semaines, ma fille et moi sommes montrougiennes. Pourquoi Montrouge ? J’y ai trouvé l’appart « coup de cœur ». Mais la vie est malicieuse : je me retrouve à 3 rues de l’immeuble (détruit aujourd’hui) où est né mon père. Jusqu’à mes 10 ans, j’y ai passé de nombreux week-ends chez mes grands-parents. Un hasard ? Probablement pas tant que cela. Cette angoisse du nid qui se vide me rapproche de celui de mes aïeux :). Et, concrètement, je suis très très près de Paris (avec une ligne de métro top).
Déménagement : pourquoi un tel stress ?
Après le deuil et le licenciement, le déménagement serait, à en croire les études, l’une des situations les plus stressantes de l’existence. Faut peut-être pas exagérer. Pour avoir connu le deuil, c’est quand même incomparable.
Mais d’après les psys, cela réactive effectivement tout ce qui est lié à la perte. Avant claquer la porte définitivement, je pensais effectivement que j’aurais beaucoup de mal à le supporter. Que cela serait même douloureux. Cet appart était très lié à mon mari. Il a même été un vrai refuge à son décès. Alors que beaucoup me conseillait de déménager à l’époque, il était au contraire le seul endroit où je me sentais pas trop mal, où je me sentais « protégée » (de toute façon, sans revenu fixe, je n’aurais jamais retrouvé de location). En fait, j’ai beaucoup stressé par anticipation.
Finalement, prise dans l’excitation du « nouveau », cela a été relativement facile.
Je devais être prête!
J’ai eu, en revanche, beaucoup de mal à voir mon appart vide. Vidé de sa substance, de notre vie…Gros coup de blues.
Cela génère quand même pas mal d’angoisses. L’organisation entraîne des prises de tête permanentes. Sans parler du côté vraiment éreintant de la mise en cartons et du déballage de ces mêmes cartons. Pendant plus d’un mois, quand on me demandait de mes nouvelles, je répondais : « je cartonne ». Sans parler des travaux de rafraichissement, des formalités administratives de changement de domicile etc.
Je me retrouve aujourd’hui bien installée. Mais effectivement privée de tous mes repères, ce qui est assez déstabilisant. Puis, j’étais tellement en tension depuis plusieurs mois que, quand elle retombe, on se sent bizarre. Limite un peu déprimée…
Déménagement = détachement = Allégement.
On le sait, un déménagement est l’occasion en or de s’alléger. Cela dit, je ne suis pas une « conservatrice », je garde assez peu de choses faisant régulièrement des tris etc. Mais là, il fallait y aller « au chausse-pied », perdant plus d’1/3 de surface.
Je me suis débarrassée d’une bonne partie de mes meubles (chaque décision « je garde/je garde pas » fut difficile à prendre). Et de quelques unes de mes « collections ». Comme celle de mes sables des plages foulées dans le monde. Ainsi que celle de mes boules à neige également des capitales visitées 🙂
Mais impossible de me séparer de certains objets parce que je ne pourrais vivre sans. Ils racontent mon histoire et mon attachement pour ceux qui l’ont constituée.
Mes albums photos
Ils sont mon bien le plus précieux. J’en ai une vingtaine : Toute ma vie. Et, je fais toujours développer mes photos pour continuer à les enrichir pensant à la joie que me procurera la revisite de ces bonheurs passés, enjolivés avec les années. Bon, je ne les feuillette pas tant que cela. Mais je sais qu’ils sont là.
Bref, un espace poids/cartons assez considérable.
Mes « gris-gris ».
Quelques « bricoles » qui sont dans une jolie boite sur ma table de nuit. Le bracelet de naissance de ma fille (j’ai perdu celui de mon fils). Une veille photo déchirée de mon enfance avec ma grand-mère paternelle (la montrougienne). Une petite Sainte Rita, je ne suis absolument pas croyante mais bon, cette sainte des causes désespérées me rappelant aussi les épreuves surmontées. La chevalière de mon père, les 4 singes de la collection de ma mère, tous les deux disparus.
Et, puis, ce bracelet, acheté en terre massaï par Antoine, lors de nos dernières vacances passées ensemble.
Les souvenirs d’enfance de mes enfants : quelques vêtements, dessins, objets symboliques…
Un portrait nu de ma grand-mère (maternelle).
Oui, un nu, vous avez bien lu. Dessiné par un de ses nombreux amants en plus. J’aime profondément ce dessin. Qui me rappelle que ma grand-mère, qui s’est beaucoup occupée de moi pour compenser des parents un peu absents, était une sacrée bonne femme. Une belle femme libre, divorcée deux fois avant la fin des années 50.
Ma collection de CD et de 33 tours.
Même si je les écoute de moins en moins (mon iPod a pris le relai), la présence de mes CD et de mes vinyles me rassure. Ils ont forgé celle que je suis. Bon, j’ai quand même fait un sérieux élagage et tout est à la cave (pas de place)
Ma robe Alaia même si je ne rentre plus dedans depuis un bon moment.
Offerte par mon amie Katia (ses parents possédaient les premières boutiques multi-marques) : c’est la première fois que j’atteignais l’inaccessible. Cette robe m’a procuré tellement de joie et de fierté. Et marque le début d’une loooooongue histoire d’amour avec mes placards. Alors, j’ai fait un carton baptisé « culte » avec quelques vêtements de ma mère ainsi que ma robe de mariée ( je ne rentre plus dedans non plus).
Et ayant envie de faire « peau neuve » tous mes tableaux sont également descendus à la cave. Je garde pour l’instant mes murs vierges pour réécrire l’histoire.
Et maintenant?
Bon, c’est aujourd’hui mieux rangé que sur cette photo. J’ai vidé mes cartons et recréé un lieu de vie agréable à la vitesse de la lumière. Mais dans ma tête, c’est toujours un peu le boxon.
J’ai franchi le pas, je suis partie pour aller vers un ailleurs. Mais du coup, c’est aussi le moment propice pour se poser de nombreuses questions. Où en suis-je dans ma vie ? Qu’est-ce que j’ai envie d’en faire ?
J’ai perdu beaucoup de mes repères, je vais devoir m’en construire d’autres mais j’aimerais vraiment le faire autrement.
« Les animaux muent, les humains déménagent. »
J’aime bien cette idée de muer, de changer de vie/de peau. Alors j’ai plein d’envies : de me faire de nouveaux amis « locaux », d’organiser une grande fête des voisins (la première chose marquante dans ma nouvelle résidence : tout le monde se dit bonjour, avec le sourire), de m’investir dans l’associatif (Montrouge offre plein de possibilités), comme j’ai un jardin partagé dans ma rue, je ne suis pas à l’abri de manger mes propres tomates l’été prochain, finir enfin mon livre, faire du vélo…
Je sais que je ne réaliserais pas tout cela mais c’est quand même assez excitant. Et puis, je garde un œil sur laTour Eiffel 🙂
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Ohlala…Mais c’est mon histoire ça! Ces montagnes russes émotionnelles, et même Montrouge où j’ai vécu 11 ans…Hâte de lire les prochaines étapes! Passez un bon dimanche Virginie, et merci pour ces tranches de vie! Marie
Oh la la comme je te comprends, c’est une étape difficile le déménagement. J’en suis au 3ème par choix en 10 ans avec des mois en appartementshôtels avec 2 valises entre chaque , le temps de trouver la perle rare. Maintenant que pour raison de couple je devrais me décider à recommencer, je n’y parviens pas. Les cartons à faire puis à défaire , les travaux et la recherche du nouvel endroit sans parler des visites pour vendre …. je ne parviens pas à franchir le pas… sans compter les frais annexes. Bonne fin d’installation dans ton nouveau nid.
Oui, cela demande beaucoup d’énergie.
J’espère que ces 11 années furent belles ! Merci et bonne fin de dimanche. Virginie
Merci de nous faire partager
Partager est un vrai plaisir pour moi. Virginie
Très bon emménagement et surtout, profite du soleil et de ces nouvelles good vibes!!! Bravo et xxx annéciennes
Merci et oui, j’ai eu beaucoup de chance de faire « mes premiers pas » vous le soleil. Déménager en plein mois de novembre, ça peut être moins sympa. Bonne fin de journée. Virginie
Très touchant Virginie. Un nouveau départ aussi, j’en suis sure…
Merci Alix, je le vis comme cela en tous les cas. À bientôt, j’espère. Virginie
Bravo!
Merci et bon retour de vacances. Virginie
Merci pour ce récit de votre ressenti !! Bon courage pour la suite j habite à côté si vous voulez les bonnes adresses de Montrouge
Oui, avec plaisir. V
Tu as eu du courage d’affronter l’absence dans le même nid..moi je n’ai pas tenu deux ans …il faut dire que j’ai toujours cru que changer de lieu changeait les problèmes..
Effectivement, on prend avec nous nos problèmes et nos peines.
Au moment où je vous lis, je dois moi aussi partir d’un lieu que j’aime, où les enfants ont grandi, où j’ai tant de souvenirs que d’après mon entourage, c’est mieux de partir, plus simple pour redémarrer… Je ne sais plus qui a écrit qu’il y a des choix qui se font sans se faire mais voilà, on y est, c’est ainsi. Je dois déménager, ce ne sera que le énième mais pas dans le même contexte, plus le même âge non plus. J’appréhende. Alors merci pour ce partage, je vous souhaite de merveilleux moments dans votre nouveau lieu de vie.
Oui, il y a un moment où cela doit se faire. J’ai beaucoup traîné avant de prendre, je pense, cette bonne décision. Bon courage alors. Virginie
Quel beau témoignage Virginie qui me touche. Je suis très admirative et sûre que la nouvelle page va se remplir très vite ! Bonne mutation
V.
Ps: tres drôle la mini Tour Eiffel
J’aime beaucoup tes articles et comme d’ordinaire, celui-ci me parle… je ne supporte pas les déménagements. Cela m’angoisse tellement ! Même le dernier (il y a quand même 21 ans!) alors que je partais pour plus grand, que j’achetais au lieu de louer….Bref je te précédais en lisant cet article (les enfants qui quittent le nid, la disparition brutale du mari… tout ça j’ai – malheureusement – connu aussi .
Quoiqu’il en soit j’attends déjà le prochain article où tu nous raconteras tout !
Bon début de semaine à toi!
Merci Beatrice, nous avons effectivement beaucoup de points communs alors. Bonne journée. V
Cet article me replonge 5 ans en arrière Quitter un bel et grand appartement (120 m2 ) en location pour une petite maison80 m2 avec un grand jardin en périphérie de ma ville(je devenais propriétaire).Les enfants étaient partis (un en Savoie ,l’autre en Nouvelle Caledonie)Pendant 3/4 mois j’ai eu l’impression d’être dans une location de vacances et petit à petit je me suis appropriée les lieux .Chaque matin je me réveille aux chants des oiseaux ,profite des fleurs du jardin Petits bonheurs de l’existence .Je vous souhaite d’être très heureuse dans ce nouveau lieu de vie et merci pour vos articles qui nous parlent si bien
Toujours difficile de partir pour plus petit, on a le sentiment de faire « chemin arrière » même si c’est pour le mieux. Bonne journée. Virginie
Partir, il faut du courage, parce que l’on laisse une partie de sa vie. Mais pour rester, il faut du courage aussi pour affronter les souvenirs… nous vous souhaitons un heureux nouveau départ !
La situation est parfaitement résumée 🙂
Bonjour Virginie,
Je découvre votre blog grâce à Gérard G, thérapeute, inspiré par cette opportunité de nous mettre en contact.
Tout d’abord, bienvenue à Montrouge, un nouveau point d’ancrage, étape d’un départ pour une nouvelle page où tout peut être et devenir, nourrie de toutes les émotions, souvenirs et images qui précèdent.
J’avais prévu n’être que de passage quand je me suis installée à Montrouge, un point d’étape alors que je changeais de vie et de projet professionnel, et j’y vis maintenant depuis 20 ans.
Vous venez presque d’arriver et je suis sensible à votre envie d’investir votre nouveau lieu de vie et sa dynamique associative locale.
Moi-même, je commence depuis peu à m’y inscrire davantage.
Je me reconnais dans vos envies qui font points communs et peut-être points de ralliement. Outre le fait d’être de l’autre côté du périph, je me déplace exclusivement ou presque en vélo (j’ai lu que vous en aviez acquis un aussi depuis votre emménagement), au-delà de la CitéU ou du parc Montsouris, on peut même aller jusqu’à la forêt de Meudon. Je participe à un jardin partagé, je suis adhérente du Schmilblick, le café associatif et solidaire de Montrouge. J’explore ces possibilités dont vous parlez et quelques potentialités.
Au gré des quartiers, des rues, terrasses et autres espaces verts de Montrouge, se présentera peut-être l’opportunité de nous rencontrer, de partager la ville et de créer du lien entre « locaux ».
Je vous souhaite une belle suite de votre été, que ce soit en pleine nature sauvage, ou à Montrouge.
Je vous dis à bientôt.
Helene
Bonjour Hélène, merci de ce message. Je serais de retour à Montrouge la deuxième quinzaine d’août, et je serai ravie de faire votre connaissance ainsi que de découvrir le café Schmilblick. Je vous laisse mon tel 0623670511. Bonne fin de vacances si cela est le cas. Virginie