Baladons-nous !
La vie, une balade ?
La vie n’est-elle qu’une balade ? Telle était la question de la conférence philo de la rentrée de Charles Pépin. Comme tout philosophe qui se respecte, sa réponse est oui, mais non.
Quand on se balade, on se promène sans vraiment savoir ce que l’on cherche. Ce qui pourrait donc être une métaphore de la vie. Qui serait alors définie par notre capacité à accueillir l’inconnu. Pour qu’il y ait une balade, il faut du hasard nous explique Charles (oui, je l’appelle Charles, plusieurs années que je vais à ses conférences). Notre vie constituerait à retrouver l’esprit du promeneur : curiosité, attention au présent, à ce qui nous entoure. Et ce, malgré les contraintes et tout en étant conscient du tragique de l’existence. La vie n’étant évidemment pas une longue balade tranquille. Elle est faite de déterminisme, d’injustice, de tragique. Notre force vitale, notre énergie de vie sont une force de résistance pour y faire face. Ce qui peut-être incompatible avec la balade qui serait plus de l’ordre du « lâchez-prise ». Alors on peut avoir un but (dans la vie) sans se focaliser sur l’objectif pour donner sa chance au hasard. Et surtout, on peut s’offrir des parenthèses, des balades.
Bon thème de rentrée, non? Vous avez 2 heures !
J’ai déjà une forme de conclusion en 3 mots : légèreté, créativité et audace.
J’ai appris un nouveau mot (pour une belle balade)
Sérendipité.
Elle désigne, dans son sens le plus large, le don de faire par hasard, sagacité, voire par erreur, une découverte inattendue et fructueuse (si on en saisit l’utilité). Elle concernait au départ le domaine des sciences. Élargie aujourd’hui à une forme de disponibilité intellectuelle. On peut aussi employer le mot fortuité, tiré du latin « fors » : chance, hasard. C’est en oubliant ses boites à culture dans son labo avant de partir en vacances qu’à son retour Fleming découvre la pénicilline (une forme de moisissure ayant empêché le développement des bactéries).
Balades au musée.
À Londres : JR à la Saatchi Gallery.
Je ne connaissais pas vraiment JR. Dans mon esprit, c’était un graffeur et je savais qu’il avait réalisé un doc avec Agnès Varda. J’ai profité de quelques jours à Londres cet été (où j’ai enfin pu aller voir mon fils) pour le découvrir. Conquise !
La Saatchi Gallery est un musée d’art contemporain crée par Charles Saatchi, publicitaire, collectionneur et galeriste londonien (dans ma première vie, je bossais dans la pub, l’agence Saatchi & Saatchi était une référence, si j’avais su que l’on pouvait y gagner tant d’argent 🤨).
JR, né en 1983, a grandi à Montfermeil en région parisienne. C’est un artiste complet mêlant street art, photographie et cinéma. Son engagement sociétal a permis à son art de se répandre dans les villes du monde entier, des bidonvilles autour de Paris aux murs du Moyen-Orient en passant par les favélas brésiliennes.
Où est JR ?
Indice: il porte un chapeau.
À Paris : La bourse du commerce.
La Bourse du Commerce vient d’être transformée par François Pinault en musée d’art contemporain.
Déjà, le lieu est dingue ! Un édifice parisien emblématique, vestige du Palais de Catherine de Médicis, qui sera d’abord une « halle au blé » puis la « bourse du commerce ». C’est l’architecte Tadao Ando qui le transforme pour cette nouvelle fonction.
S’y expose la collection constituée par François Pinault depuis 40 ans. Pour nous donner à admirer des œuvres des années 60 à nos jours.
3 femmes, 3 balades ( 3 séries).
La névrosée : Physical sur Apple Tv.
Dans les années 80, Sheila, femme au foyer bien sous tous rapports, souffre en fait de graves dysfonctionnements alimentaires. Elle ne cesse de se répéter (voix off parfois trop présente) : « Tu es grosse, tu es moche, tu es stupide. » Elle découvre par hasard l’aérobic et vivra enfin sa meilleure vie mais tous les moyens seront bons.
Rose Byrne excelle dans ce rôle de femme, souffrant de dysmorphophobie, pleine de rage et de haine d’elle-même, victime entre autres des injections faites aux femmes. La série traite finalement de sujets assez lourds (certaines scènes peuvent mettre parfois mal-à-l’aise). Bref une Desperate housewife bien dark pour une série qui reste drôle et enlevée avec de bons personnages secondaires.
La quinqua en vrac : Hamishim-Cinquante sur Arte.tv.
Hamishim, en hébreu, veut littéralement dire cinquante. C’est donc en pleine tempête intime, que nous faisons la connaissance de Alona, veuve et mère de 3 ados. Elle s’est fixé un double défi : vendre sa série sur les femmes de 50 ans et refaire l’amour tout en veillant sur son père.
C’est plein d’humour, parfois noir. Le personnage génialement interprété par Llanit Ben Yaakov, est tout en auto-derision et nous renvoie le miroir. C’est hyper bien écrit par Hagai Levi, romancière à succès et scénariste de la version originale d’En thérapie. Bref, de manière générale, les séries israéliennes déchirent.
La battante trop empathique : La directrice sur Netflix.
Ji-Yoon Kim (Sandra Oh) est la première femme (et personne non blanche) à être nommée à la tête du département de littérature de son université. Une promotion qui ne va pas être de tout repos. Élèves en rébellion, mandarins accrochés à leur fauteuil… Comme le dit le personnage : « J’ai l’impression que quelqu’un m’a tendu une bombe à retardement pour s’assurer qu’une femme la tenait quand elle exploserait. »
Une comédie sociale qui joue sur les problématiques actuelles ( le politiquement correct, l’empowerment féminin…) teintée de romantisme. C’est malin et drôle. J’ai totalement craqué sur le personnage du prof d’anglais (Jay Duplas) dans le rôle du boulet de la nouvelle directrice car il a le dérapage facile et son orgueil le pousse à n’en faire qu’à sa tête.
Vieillir Grandir.
Je suis en pleine lecture de cet essai (le premier publié en France) de la philosophe américaine Susan Neiman : Grandir, éloge de l’âge adulte à une époque qui nous infantilise.
J’adhère à fond à son postulat de départ : rendre ses lettres de noblesse à la maturité, à la sagesse, synonymes d’émancipation intellectuelle et cesser d’évoquer le chemin vers la vieillesse comme un long déclin. Ce qui nous couperait l’élan de vie. Pour le développer, elle fait appel à Rousseau, à Kant, à Simone de Beauvoir…
Extrait de l’intro :
Et si Peter Pan n’était pas le seul à refuser de devenir adulte? Le fait est qu’avec son épigone, Michael Jackson, il est le parfait représentant d’une époque qui a tendance à croire qu’être adulte, c’est renoncer à ses espoirs et à ses rêves, accepter les limites de la réalité et se résigner à une vie moins aventureuse, moins intéressante et beaucoup plus insignifiante que ce qu’on avait imaginé… Dans ce livre, je fais le pari que la maturité est un idéal; un idéal que l’on atteint jamais complètement, qui mérite qu’on s’y attelle.
Interwiew dans Madame Figaro:
« Accepter de grandir est à mes yeux éminent subversif »
Déclare-t-elle (en fait elle sous-entend dans cet essai que notre société nous empêche de grandir, des sujets immatures étant plus faciles à diriger). « C’est une forme de résistance. Il s’agit de penser par soi-même, d’avoir l’audace et le courage de faire confiance à nos propres jugements, de ne plus autant se soucier de celui des autres… Il s’agit de trouver un équilibre entre les idéaux de la raison, qui nous disent comment le monde devrait être, et l’expérience, qui nous apprend que le monde est rarement tel qu’il devrait être. Grandir, c’est garder un œil sur chacun de ces deux éléments, accepter cette faille et s’y confronter avec lucidité. »
En savoir plus sur Jeune Vieillis Pas
Recevez un mail pour vous informer d'une nouvelle publication sur le blog (toutes les 3 semaines environ).
Merci Virginie pour cette sélection qui est pile-poil dans mes goûts! J’ai envie de tout voir et tout lire! Bon dimanche!
J’espère que cela vous plaira. Virginie
Ah oui, beaucoup de choses à voir, à lire et à faire ! L’automne s’annonce bien
J’espère !