Une femme, un style : Karina.

 Karina Vigier s’amuse.

Karina Vigier : le phénomène « In mature » de TikTok.

TikTok, devenue l’appli du confinement est un réseau social dont le principe repose sur un partage de courtes vidéos (play-back, danse, humour… ) dont le mantra est :  « La vie file à toute vitesse, alors fais en sorte que chaque seconde compte ». Karina (@bykarinav) s’en empare, multiplie en mode « quick change » les tenues sur des petites chorées dynamiques. Son style est inimitable.

Moi, elle m’a direct tapée dans l’œil sur Insta @karinavigier. J’ai immédiatement flashé sur son originalité, aimé sa façon très second degré de se mettre en scène et son sens du look qui n’a peur de rien. Je n’adhère pas forcément à tous ces choix vestimentaires. Mais elle est pour moi, l’incarnation de l’allure. Très inspirante !

Et quand je lui ai parlé par téléphone pour réaliser ce portrait :  je n’ai pas été déçue. Une vraie personnalité !

Le vêtement : un moyen d’expression.

Karina Vigier nait en Russie, période sombre de l’Union Soviétique. S’habiller n’est pas un sujet quand il s’agit de faire des queues interminables pour se nourrir. Sa famille s’installe en France à ses 8 ans. Elle ne parle pas un mot de français. Elle choisit alors le vêtement pour exister, pour s’exprimer à l’école, pour ne pas s’y sentir transparente. C’est finalement ce qui la guidera toute sa vie dans ses choix vestimentaires.

Elle s’est installée avec 4 valises et une de ses filles  il y a quelques mois au Danemark Demain elle sera au Canada, après demain en Espagne ou encore en Belgique pour finir par les USA . Elle s’est donnée 5 ans pour faire des 4 magazines de mode et déco enfantine qu’elle dirige des éditions véritablement internationales.

 » Mais quelques mois après mon installation à Copenhague, la pandémie met, si ce n’est à l’arrêt, tout au moins au ralenti, l’ensemble de mes activités éditoriales  Ne pouvant pas travailler… qu’est-ce que je fais ? La mode, c’est mon dada. Je découvre TikTok grâce mes filles. J’y vois des femmes de tous âges, de tous styles… J’ai eu envie de rentrer dans l’arène. Et puis, c’est très sympa à faire et cela m’a vraiment aider à passer le temps pendant cette période. »

Un moyen contre l’invisibilité.

Karina reconnait sans peine avoir vécu un vrai choc émotionnel quand elle a eu 50 ans. Le décalage entre ce qu’elle ressentait dans sa tête et ce qu’elle voyait dans la glace lui fut douloureux.

«  J’avais le sentiment que mon miroir ne me souriait plus de la même façon. J’ai donc voulu me battre contre ce reflet. Et surtout continuer à m’amuser. En fait, je pense que quand on ne va pas bien, on cherche à devenir invisible. Je ne voulais surtout pas devenir invisible. Et je voulais montrer haut et fort que je m’acceptais, que je m’aimais. Alors, je me suis offert un beau cadeau : un blog pour m’exprimer, faire ce que j’aime, montrer mon amour de la mode. Voilà ce que je mets, ce que je suis (www.karinavigier.com). »

Une globe-trotteuse fan de seconde-main.

« Je suis une grosse consommatrice de fringues. Et je garde tout. La mode étant un éternel recommencement. Ce qui fait qu’effectivement aujourd’hui, j’ai un bon stock :). Mes vêtements viennent de partout. Beaucoup sont des souvenirs de voyage.

Mais je suis aussi une adepte de la slow fashion. Je porte très peu de marques de luxe. Je n’aime pas les logos. Près de 50 % de mes vêtements viennent de dépôts-vente. D’ailleurs, ici, à Copenhague, ils sont incroyables. J’aime bien l’idée que tout (beau) vêtement mérite une seconde vie, une nouvelle jeunesse. Comme nous ! Tous mes looks sont un mélange de neuf et de vieux. Comme moi :).

Je suis une instinctive. Je m’habille selon mon humeur. Alors, j’ai besoin de voir mes vêtements. Je sacrifie une pièce chez moi pour faire un dressing (en général avec mon bureau). Mes vêtements sont sur des portants.

 Karina Vigier : le  style atypique d’une over 50 entrepreneuse et fashion.

En fait, elle me fait un peu penser aux « sapeurs africains ». Qui font de l’élégance, du dandysme, du « too much », un art de vivre.

Elle aime d’ailleurs s’inspirer de cette mode africaine. C’est le wax qu’elle préfère. Elle adore mélanger les imprimés.

« J’ai ce goût de la différence. J’adore surtout la couleur. Mixer. Mais je m’accorde aussi très bien du minimalisme scandinave. Qui compense leur unité de couleurs par des formes très travaillées, plus extravagantes comme des manches ballons par exemple. Je n’aime pas l’entre-deux mais tout est une question de cohérence.

Le vêtement, une tenue va conditionner votre journée. Moi m’habiller me donne du courage. Le fait de m’apprêter, de me maquiller va me stimuler. Même si une partie de moi est également très nature. Je ne touche ni à mes rides, ni à mes cheveux.

Oser et apparaître, telle est ma philosophie  !

Une fois que l’on a osé, cela devient soi. Cela devient une partie intégrante de votre personnalité. Par exemple, la première fois que j’ai porté mes lunettes oversize, mes filles ne voulaient pas sortir dans la rue avec moi. Aujourd’hui, elles ne peuvent plus m’imaginer sans. Elles sont devenues partie de mon visage »

Pour découvrir une autre femme stylée, le portrait de Catherine Dupont.