Stéphanie Joly, 50 ans

Stéphanie a largué les amarres !

À 50 ans, Stéphanie a pris le large !

À peine 50 ans et une vraie envie, un besoin de s’éloigner du rivage, de lâcher sa vie pour la vivre en plus grand. Stéphanie a pris la décision de mettre les voiles pour un temps…

 

Stéphanie Joly est styliste. Ancienne mannequin cabine, elle exerce ce métier dans différents domaines (industrie musicale, enseignement… ). Avant le « grand départ », elle bosse pour le groupe M6 en charge de styliser les journalistes infos de la chaine.

Il y a 5 ans, elle rencontre un homme. Elle tombe, reconnait-elle aujourd’hui, autant amoureuse de lui que de son projet : acheter son bateau et réaliser son rêve en voguant autour du monde. Ce qu’il fait rapidement. La question de le suivre ne se pose alors pas. Sa vie est à Paris, sa fille encore mineure, elle ne veut évidement pas la lâcher.

Ils vivent donc leur histoire d’amour à distance. Stéphanie rejoint son homme à chaque fois que possible. La Covid vient tout compliquer. Entre 2 confinements, ils arrivent enfin à se rejoindre en République dominicaine. C’est le rêve, ils sont seuls au monde et si heureux de se retrouver.

 

Tout quitter à 50 ans

Je n’ai pas encore 50 ans et je chope le virus du « ailleurs ». 

« Je sens que je ne suis plus épanouie dans mon métier. Et, ma nature fait que, quand j’ai fait le tour de quelque chose, il faut que je change. L’idée de partir est là mais je ne sais pas comment je peux rendre cela possible. Surtout financièrement. On y réfléchit à chaque fois que l’on se retrouve. Un jour, il m’explique que pendant la pandémie, des bateaux privés se sont transformés en resto. Alors, pourquoi pas faire d’Astra une boutique de mode itinérante ? Je pourrais faire un grand shopping en France de vêtements, de bijoux… Et je les vendrais à chaque escale. 

Mais avant toute décision, je dois savoir si j’en suis capable. Jusqu’à présent, j’ai dormi sur le bateau à quai, je n’ai jamais fait de traversée (et je n’y connais absolument rien en voile). Alors, je le rejoins à Bridgetown (capitale de la Barbade) pour une semaine de navigation vers Bonaire (Antilles néerlandaises au large du Venezuela). Et la magie opère. Je suis malade mais rien d’insupportable. La nuit, alors que je dois prendre mon quart toutes les 2 heures, je me réveille naturellement. J’y vois un signe. Bon, je ne dis pas que parfois, je me demande ce que je fais là. Surtout la nuit. Les nuits sont particulièrement impressionnantes : Ce magma noir qui t’encercle, le bruit des voiles, des vagues. J’ai peur mais je me dis que c’est normal. J’accepte cette émotion. Et surtout, je suis amoureuse et j’ai extrêmement confiance en lui. Notre escale à Bonaire est merveilleuse. »

Se jeter à l’eau et se libérer de ses ancrages.

« Quand je rentre à Paris, l’idée de faire une boutique sur le bateau est quasiment aboutie : « Sailing/selling around the world ». Je suis rassurée sur ma capacité à le rejoindre dans sa vie de navigateur. Mon âme d’aventurière est réveillée ! De son côté, après tous ces jours ensemble, ses magnifiques mails d’amour quand nous sommes séparés me font sentir chez lui cette envie de réaliser son rêve en couple.

Et tout s’enchaine (où toutes les planètes s’alignent).

Dès mon retour, je déjeune avec une amie dans la mode et je lui demande si elle peut me vendre d’anciennes collections. Bien sûr me dit-elle. 

Ma proprio me demande de récupérer son appart pour sa fille. Et la mienne me pousse à partir, me disant que de toute façon, elle allait quitter le nid pour son propre logement (ma fille est très indépendante). Il m’est devenu évident que si je ne le faisais pas, j’allais le regretter. Je viens juste de souffler mes 50 bougies.

Je ne suis pas partie que par amour. J’avais vraiment besoin à ce moment de ma vie de me sentir maître de mon destin. De faire enfin quelque chose pour moi sans me préoccuper de ce que les autres, ma famille attendent de moi. M’éloigner me libérait de mes responsabilités car j’ai toujours été celle sur qui on pouvait compter, qui ne savait pas dire non. À des milliers de kilomètres, je n’aurais plus cette obligation de répondre présente. 

Je trouve d’autres marques à vendre dont les magnifiques bijoux Sharing. Je crée une page Instagram @fashionshipsailing. Et je pars avec 6 valises le rejoindre à Tahiti sans date de retour. »

 

J’ai finalement passé 16 mois sur ce voilier de 16 mètres.

« Nous avons navigué en Polynésie. Puis d’iles en îles qui sont comme des confettis dans le Pacifique en Océanie. Raiatea, les Îles Cook, Samoa, Fidji, Vanuatu… Les ventes marchent bien. Je rencontre des personnes vraiment formidables. Beaucoup de femmes qui m’ont vraiment, peut-être pour la première fois, fait ressentir ce qu’était la sororité. Il y a tellement d’entraide. Il y a d’abord une petite communauté de voileux que tu retrouves régulièrement. Et à chaque port, je rencontre des locaux qui m’aident à trouver des lieux pour organiser mes ventes : une maison privée, un bar, un salon de coiffure…

Le Pacifique, c’est vraiment un autre monde. C’est très peu peuplé donc tu rencontres vraiment les gens. » 

Bateau boutique Fashion selling

 

J’ai été vraiment étonnée de ma capacité d’adaptation.

« J’ai surtout touché à un truc auquel il va m’être vraiment difficile de renoncer : Un extrême sentiment de liberté. Je me sentais sans aucune entrave. Seul l’instant comptait. 

Et je reste totalement bouleversée par la beauté de la nature, de l’océan et de tous les lieux dans lesquels nous avons jeté l’ancre. Je me suis sentie en connexion avec les éléments. Tu es toujours à l’air libre, au contact de l’eau, du vent. Tu prends le temps d’observer tout ce qui t’entoure. »

 

Prendre la mer

 

Cap sur l’Australie ?

« On décide de quitter le pacifique sud pour aller passer la saison cyclonique en Australie en mettant le cap sur Nouméa. Je vais connaître notre première avarie sérieuse : le winch (le treuil fixe permettant de démultiplier la traction exercée par l’équipage sur les cordages afin de contrôler la voilure) se casse. Il faut plier en catastrophe toutes les voiles et là, je me rends compte que je ne sais rien faire, que j’avais jusqu’à présent naviguer comme une princesse ne m’affairant qu’en cuisine. Il a fallu faire demi-tour. Pendant 3 jours et nuits, nous avons dû remonter contre le vent. Le bateau lutte pour avancer, tu cognes sans cesse. Tu ne dors pas, ne manges pas. Bref, un vrai cauchemar et j’ai vraiment eu peur. On fait les réparations et on repart. Mais, il est devenu hors de question que je ne participe pas aux manœuvres. Dorénavant, nous les faisons toutes ensemble. Je barre de plus en plus souvent. Je me sens comme un petit moussaillon. Et c’est comme si on commençait une nouvelle histoire. Il y avait une nouvelle énergie entre nous. 

Mais, plus tard, peu avant d’arriver en Nouvelle Calédonie, on démâte. Et là, c’est le drame. On accoste à Nouméa et mon compagnon se transforme en myster Hyde. Il est hyper stressé par des histoires d’assurance et de se retrouver bloquer là. Il devient juste odieux. Et puis, les problèmes d’argent commencent à se faire sentir. Même si mes ventes ne marchent pas trop mal, je ne me sens pas indépendante financièrement. Bref si je ne veux pas gâcher toute l’histoire, il est temps que je rentre. »

À plus de 50 ans, se dire que tout est encore possible.

« Je suis de retour à Paris depuis la fin de l’année 2023. J’ai du mal à m’y ré-ancrer. Je n’ai d’ailleurs toujours pas de logement, je vais chez les uns et les autres. Je refais du stylisme mais dans la production de films. La réadaptation est difficile, j’ai vécu des instants tellement intenses. Je me suis nourrie de tellement de belles rencontres. Quand tu as « goûté » au voyage, difficile de se retrouver à Paris. La vie « normale » parait sans intérêt, avec peu de saveurs. Je ne sais pas trop comment me positionner dans notre histoire d’amour. Son comportement m’a déçu  j’ai un peu perdu confiance en lui. Confiance tellement importante quand on doit naviguer avec quelqu’un.

Mais, je sais aujourd’hui que je suis capable de beaucoup de choses. J’aimerais retourner en Nouvelle Calédonie. J’ai peut-être un projet de tournage là-bas avec des amis rencontrés sur place. Mais je dois gagner un peu d’argent avant. J’ai aussi envie de travailler dans le bien-être. Après avoir « sublimé » les gens de l’extérieur, pourquoi ne pas essayer de les « sublimer » de l’intérieur.  Bref, je m’interroge beaucoup. Des interrogations probablement nées sur ce bateau. La mer est une vraie machine à penser. »

Si vous voulez lire un autre défi : Valérie à l’assaut du Machu Picchu.

 

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