La mode de Nathalie Garçon !
Nathalie Garçon n’aime pas les diktats. La mode en est un comme un autre. Elle veut créer des « vêtements d’émotion » pour toutes les femmes, de tous les âges, de toutes les cultures.
Nathalie Garçon, le choix de la « slow fashion ».
Originaire de Cannes, les actrices parées de leurs plus beaux atours du Festival ont nourri son imaginaire. Elle garde d’ailleurs aujourd’hui, une affection, une relation particulière avec les comédiennes (Mathilde Seigner, Isabelle Adjani… ). Elle fonde sa marque en 1989 et très vite, bien avant l’heure, adopte la « slow fashion ». Une diffusion limitée, pas de calendrier de saisons, des petites séries fabriquées par des ateliers d’artisanes, beaucoup de tissus anciens… Elle puise une bonne partie de son inspiration en Tunisie où elle a choisi de vivre une bonne partie de l’année.
« Je ne fais pas de la mode pour la mode. Bien sûr, il y a les tendances, mais pour moi, elle est juste un outil pour s’exprimer. J’aime l’idée de s’inventer, de communiquer… grâce au vêtement. Il est une possibilité de se sublimer. Mon cœur de métier, c’est la création. Je n’étais pas à l’aise dans un monde de la mode trop industriel, trop « markété ». Il y a quelques années, j’ai donc fait « marche arrière » en faisant le choix de n’avoir qu’un seul point de vente, de ne pas avoir de stocks, de travailler sur des petites collections élaborées vraiment main dans la main avec des femmes, dans des petits ateliers, qui ont de vrais savoir-faire comme la broderie par exemple. «
Pour son unique boutique, Nathalie Garçon a choisi la sublime Galerie Vivienne (dans le 2 ème arrondissement à Paris) et en a fait un lieu chaleureux. Elle souhaite avant tout que les femmes y passent un bon moment.
Nathalie Garçon, une InMature qui nous aime.
J’ai énormément apprécié ma rencontre avec elle. Très loin des clichés souvent collés à la créatrice de mode, elle est très chaleureuse, solaire et dégage beaucoup d’empathie. Son ambition première est de mettre en valeur la silhouette des femmes avec des collections douces et féminines.
« J’habille les femmes un peu chic qui ont envie de s’amuser, de dégager un truc sympa. J’ai une tendresse particulière pour celles de plus de 50 ans. Elles ont eu, pour la plupart, plusieurs vies. J’adore cela, ces renaissances. Elles sont fortes de toutes leurs expériences et en même temps elles dégagent une forme de fragilité. Ce sont des femmes qui doutent. Mes clientes assument leur âge mais leur vieillissement les rendent presque timides.
C’est un western de vieillir, une aventure. Une bagarre pour ne pas se laisser aller, pour se libérer du regard des autres. Mais il y a des très bons côtés qu’il faut savoir explorer. Personnellement, j’ai découvert l’indépendance, le bonheur de savoir me suffire à moi-même. De pouvoir voyager avec une paix royale, une femme de 60 ans inspirant une certaine forme de respect. On m’écoute plus dans le travail. Je me sens moins prise dans une course. Aujourd’hui, j’ai également un décodeur pour juger les gens. L’amitié change. Elle est moins fusionnelle mais le contact est plus immédiat. On peut partager un bon moment sans partager notre vie. Je me sens plus dans le moment présent, moins dans le calcul ou la séduction. D’ailleurs, j’ai aujourd’hui avec les hommes des échanges plus riches, plus soutenus, je peux regarder un homme dans les yeux sans équivoque. Mais, il est vrai qu’en vieillissant on devient transparente. Moi, j’ai beaucoup de chance, celle d’avoir mon métier qui me donne une place dans la société. »
« Over Fifty et alors ».
Il y a 2 ans, elle initie l’association « Over fifty et alors ? » pour faire évoluer la visibilité et le regard porté sur les femmes de plus de 50 ans dans les univers de la mode et de la beauté.
« J’ai depuis longtemps arrêté les défilés pour ne pas cautionner le « marché de l’anorexie ». Ou alors, j’en faisais de petits avec des actrices, des artistes… Des femmes intéressantes. Il y a 2 ans, alors que l’on me poussait à en organiser un, j’ai dit OK mais uniquement avec des femmes qui m’inspirent. Et je me suis rendu compte qu’elles avaient toutes plus de 50 ans. Des femmes qui subissent un réel manque de visibilité dans le mode de la mode. À part celles qui sont « so-chic » comme Ines de la Fressange, Charlotte Rampling, Jane Birkin… Des femmes très minces. Il y a un vrai manque de diversité dans la représentation des femmes over50.
Je voulais un défilé avec de l’humour et du glamour. Plein de créateurs ont joué le jeu avec nous. Ce défilé a permis de dire des choses avec une forme de légèreté. »
La première manifestation de l’association : un défilé en juin 2019 à la Galerie Vivienne qui rassemble 50 femmes de 50 et plus, actrices, journalistes, chefs d’entreprise… Des femmes fortes riches de leur vécu s’exprimant en toute liberté avec leurs vêtements.
Il sera suivi, d’un autre défilé dans le même esprit en Tunisie.
Et j’espère vraiment qu’il y en aura d’autres ! Mais je suis sûre que Nathalie Garçon a plein d’autres idées pour nous mettre en valeur.
Nathalie Garçon : www.nathaliegarcon.fr
Vous pouvez également lire : Du style, du style, du style ou La mode, c’est mieux plus vieux.
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Bien sûr, nous connaissons cette styliste, mais votre article nous fait découvrir une femme très proche de nous, en somme ! Over Fifty, Over Sixty…c’est la vraie vie…
Une femme délicieuse… comme nous 🙂
Merci pour ce billet, je connais sa jolie boutique dans cette belle galerie. Une remarque tout de même : les mannequins de son défilé 2019 n’ont plus 20 ans mais sont toutes minces, voire très minces (à une exception près). Elle-même à une époque avait beaucoup maigri (régime protéiné,puis jus de légumes). La mode reste la mode!