En retraite !
Retraite (def.) :
– Action de s’écarter (une brusque retraite).
– Recul délibéré et méthodique (d’une armée).
– Action de se retirer de la vie active ou mondaine.
– Période passée dans la prière et le recueillement.
– Situation d’une personne qui s’est retirée d’un emploi et qui a droit à une pension (prendre sa retraite).
Toutes ses définitions vont dans le même sens. À la retraite, on nous écarte, on se replie (sur soi ?), on se retire… Je peux aussi donner les synonymes de « se retirer » : abandonner, évacuer, capituler, disparaître, fuir… Les mots façonnant notre vision et notre pensée, pas étonnant que celui de retraite ne sonne pas toujours de façon positive à nos oreilles. Les espagnols, eux, disent « jubilation », du latin jubilare (pousser des cris de joie). Avouons que cela a plus de gueule !
Pour l’anecdote je discutais avec mon amie Véronique qui me disait :
– Je pars bientôt à ma retraite.
– Ha, ça y est tu l’as demandée?
– Non, je te parle de ma retraite de yoga à Essaouira.
Montaigne, la retraite à 38 ans.
C’est en effet le philosophe qui donne au mot retraite son sens actuel. Auparavant, il désignait le fait de quitter un endroit. Mais en 1570, alors parlementaire à Bordeaux, il décide de laisser tomber sa charge et de se retirer définitivement dans son petit château. Il n’a pas 40 ans – à l’époque, c’est vieux. Il en profitera pour rédiger ses Essais. “C’en est assez de vivre pour autrui : vivons pour nous au moins ce bout de vie.” Car selon lui, la vie est faite de deux parties tout aussi indispensables : L’implication dans les affaires du monde et l’attention exclusive à soi ainsi qu’à ses proches.
Oui à la retraite envisagée sous cet angle ! Et, quand on a bossé toute sa vie, il est bien temps de passer à autre chose. Mais, n’ayant pas tous un recueil de réflexions composé de 3 livres avec 107 chapitres à écrire (et un château), la retraite peut être synonyme d’un vide existentiel assez vertigineux. Notre identité a souvent été liée à notre profession. J’ai beaucoup d’amis que cette perspective angoisse vraiment. Ils se demandent bien ce qu’ils vont bien pouvoir faire pour remplir leur journée. Et qui ils vont devenir. Surtout des hommes, d’ailleurs. Les femmes, habituées à conjuguer plusieurs vies, plusieurs rôles, peuvent se débarrasser de l’une d’elles plus facilement.
Pour moi, cela ne va pas changer grand-chose.
J’ai toujours eu une relation au travail assez conflictuelle. Je n’ai jamais eu de vraie ambition professionnelle, cherchant à prendre plus de responsabilités, à devenir chef. Bref, faire carrière n’a jamais été mon projet de vie. Mes 10 premières années en entreprises ont été un calvaire (malgré le fait due m’être fait des amies qui le sont toujours aujourd’hui). Je ne supportais pas les horaires fixes, la hiérarchie et encore moins les clients que j’avais tendance à trouver incompétents (alors qu’ils avaient quasiment un droit de vie ou de mort sur moi). Je me suis donc, en devenant journaliste (après une nouvelle formation), créée ma propre ambition : celle de travailler comme je le voulais, quand je le voulais. Et de chez moi. J’ai donc adoré ces années en tant que journaliste/pigiste puis comme rédactrice/auto-entrepreneuse.
J’ai eu l’énorme chance de pouvoir le faire grâce à mon mari qui avait un (bon) salaire fixe (d’ailleurs, c’est sa retraite de réversion et quelques économies qui me permettent de vivre aujourd’hui). Alors, j’ai parfois eu des périodes où je travaillais moins (ou pas). Je n’ai donc aucun problème à savoir m’occuper. D’autant plus que depuis 2 ou 3 ans, mon activité de rédactrice a périclité. Bref, je suis en pré-retraite depuis un bon moment. En lisant ces dernières lignes, vous comprendrez aisément, qu’avec une « carrière » hachée et atypique, ma pension de retraite ne va pas changer grand chose à mes finances.
Mais pas question de retrait !
Je ne serais jamais prête à avoir le sentiment de me retirer de la vie sociale.
À nos âges, il va d’ailleurs changer notre phrase d’accroche quand on rencontre quelqu’un.« Et, toi, tu fais quoi dans la vie? » Je ne suis pas sûre de pouvoir répondre : Je suis à la retraite. Je pourrais jouer sur les mots. Je suis une retraitante (plus spirituel, en recherche de sens). Mais, on ne me posera plus la question. J’ai l’air/l’âge d’y être. Un peu comme quand on se promène avec des enfants, plus personne ne pense que ce sont les nôtres. Nous avons l’air/l’âge d’être grand-mère. Heureusement, j’ai toujours mon blog. Que je continue, depuis plus de 10 ans, car outre le plaisir d’écrire et de partager, il m’offre un statut, une identité. Mon bénévolat, un rôle, une utilité.
Je me rappelle avoir été hyper vexée, il y a quelques années. Je visitais des appartements et discutant avec l’agent immobilier, je lui disais que j’avais du temps pour faire plus de visites. Il m’avait répondu : « Normal, vous êtes probablement à la retraite. »
J’ai eu le sentiment que ce « jeune homme » me rayait de la vie « active ». J’étais une oisive. C’est souvent ce que l’on associe à la retraite. Une période un peu inutile, où il va falloir combattre l’ennui. Pour preuve, j’ai demandé à Chat Gpt quels étaient les cadeaux les plus offerts, en entreprise, pour les départs : Matériel de jardinage; équipement de sport ou de loisirs; kit de bricolage, couture, peinture; livres ou abonnements (magazines, ateliers, clubs…); Montre ou objet gravé… Sans parler de tous les objets humoristiques comme les coffrets
Puisque je n’aurai pas de pot de départ à la retraite.
Je vous ai fait un petit florilège des cartes offertes par les collègues le jour du « grand départ ». Qui peuvent bien finir de vous achever le moral.
Et heureusement pour moi, vous pouvez aussi lire cet article : Qu’est-ce que je suis bien chez moi !
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Cela sera officiel pour moi au 1er janvier 2026 :
en effet, je prends bientôt mon envol vers une nouvelle vie
— on appelle cela
la retraite,
mais moi je préfère dire
« liberté chérie, me voilà ! »
Au plaisir de te revoir bises
Moi aussi le 1er janvier ! Bien sûr, c’est de la liberté.. à bientôt. V