sagesse vs intranquillité

Intranquille !

Un peu de philosoph-Age :

Vieillesse = Sagesse ?

En tous les cas, ça rime !

La sagesse de l’âge…

J’avoue, j’y ai cru, je l’ai espéré.

Socrate n’a-t-il pas dit?

 » Tu deviendras plus riche en sagesse à mesure que tu avanceras en âge. »

Encore trop jeune peut-être? Car, franchement, peu d’apaisement avec les années !

Sagesse vs intranquilité.

En fait, je confonds un peu tout, sagesse, apaisement, sérénité….

En sagesse proprement dite, je ne suis pas si mauvaise.

– La sagesse morale : rechercher la modération, la paix intérieure, savoir vivre heureux en acceptant le réel.

– La sagesse pratique : agir et prendre les bonnes décisions selon les enseignements de notre expérience.

– La sagesse populaire :  bon sens, capacité de raisonner juste, sans se laisser aveugler par des chimères.

Ok, j’y suis plus ou moins.Mais est-ce que cela m’apaise?

Non !

Je suis et je reste une incalme. Toujours plus ou moins agitée du bocal et souvent insatisfaite avec un sentiment d’impuissance.

Je préfère d’ailleurs le terme d’intranquille (j’aime le mot déjà, alors peut-être que, du coup, je m’y complais un peu).

Depuis, que j’ai fait mon coming out mélancolique : Mélancolie, tout cela me turlupine (mot désuet du post)

Je me retrouve tellement dans cette définition trouvée sur Internet : « L’intranquille est en quête de quelque chose dont il devine les contours mais qu’il peine à esquisser vraiment. C’est là, sur le bout de la langue, mais ça ne sort pas. »

Tout moi !

Et j’avoue que cette tendance à chercher ailleurs ce que j’ai sous la main ou cette sensation d’être si proche d’attraper quelque chose (mais quoi?) sans l’atteindre (vous vous rappelez le pompon des manèges de notre enfance?) sont le plus souvent assez désagréables.

D’où une difficulté à faire des choix, prendre des décisions car se sentant toujours les fesses entre 2 chaises. J’y vais, j’y vais pas? Je fais, je fais pas? Parfois, ces hésitations, la crainte de ne pas prendre la mauvaise bonne décision, de faire le bon mauvais choix pouvant prendre des proportions démesurées.

Pas l’ombre d’une amélioration avec les années !

Je peux aussi confondre sagesse avec sérénité qui pourrait être définie comme un plaisir à être soi.
Là, je me sens plutôt comme une ado. Presque toujours aussi mal dans ma peau.

J’aimerais quand même y arriver avant L’EHPAD.

Ras-le bol du « connais-toi toi-même », « partez à votre rencontre »…

« L’avenir, tu n’as pas à le prévoir, tu as à le permettre » ; « Il n’y a personne qui soit née sous une bonne étoile, il n’y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel »; « Souris à la vie et la vie te sourira » etc. etc.

Pffff

Abreuvée (aveuglée) de psychologie positive les 20 dernières années de ma vie, j’ai cherché à « m’améliorer », à me remplir de confiance en moi, à conquérir le bonheur…

Et j’en ai fait des efforts, des démarches, des essais. Un enrichissement non négligeable de divers thérapeutes ; de la méditation (je suis incapable de ne réfléchir à rien) ; j’ai voulu contacter mon féminin sacré ; J’ai demandé à la lune et fait brûler du Palo Santo, pratiquer (très mal) le yoga et dessiné des mandalas, rempli une demie Billy d’ouvrages de développement personnel dont je n’ai pas fini la plupart.

Là encore, malgré mon agitation mentale permanente, je me considère comme une femme heureuse. Pour les sociologues, le bonheur c’est le « degré selon lequel une personne évalue positivement la qualité de sa vie dans son ensemble ». Ou pour André Comte-Sponville, « tout espace temps où la joie paraît immédiatement possible ». Je suis le plus souvent joyeuse, très sociale et même plutôt amusante.

Mais cette quête du bonheur à laquelle on se sent tous obligés de tendre commence à sérieusement m’accentuer la ride du lion. Et le « si tu n’es pas rempli de confiance en toi positive, ben, c’est de ta faute », celles d’amertume.

Je vous conseille le doc sur Arte Le business du bonheur. Édifiant !

Car, avec l’âge, on nous en rajoute une couche.

« Le bonheur supprime la vieillesse » a écrit Kafka (j’avoue ne pas bien connaître son œuvre, mais il ne m’apparait pas comme le roi du rire).

En vieillissant, on devrait se sentir mieux parce que l’on se connait enfin. Avoir trouver son « moi authentique ». Avec la confiance en soi, la positivité  comme des muscles que l’on doit entraîner. Alors que je n’arrive même plus à me re-muscler l’intérieur des cuisses.

Et bien non, je ne me connais toujours pas sur le bout des mes doigts (arthrosés). Et en ai-je vraiment envie? C’est plutôt passionnant de rester une énigme à soi-même !

Bref, j’arrête de chercher à me changer. C’est peut-être cela ma « nouvelle sagesse ».

C’est la faute à mon striatum !

Cette partie intérieure du cerveau qui régule notamment la motivation et les impulsions.

Il  nous pousse à vouloir toujours plus, à toujours avoir des désirs. C’est leur variété et leur intensité qui nous poussent à agir et nous donnent le sentiment d’être pleinement vivants. Désirer étant l’élan vital nous conduisant à créer, aimer, nous dépasser. Alors je me dis que Socrate ne connaissait pas les « nouvelles vieilles » que nous sommes, tout sauf sages ou raisonnables. Avec des envies qui ne vieillissent pas : se réaliser, tenter des trucs, se tromper et recommencer, continuer à rêver, avoir des projets, toujours autant désirer….

 

Il nous fallut bien du talent pour être vieux sans être adultes.

Jacques Brel.

Un autre post PhilosophAge : Peut-on encore avoir des illusions à la cinquantaine? 

 

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15 commentaires

  1. Martine Lachaud a dit :

    Bon… comme d’habitude, j’aurais pu écrire ( en moins bien) ce commentaire me concernant ! Attention niveau âge je te devance… 65 donc tu vois encore quelques années du même état d’esprit… d’état tout court!!

    1. virginie a dit :

      Oui, je n’espère pas une réelle amélioration dans les prochaines années 🙂 Mais, finalement, cet état d’esprit me convient de mieux en mieux

  2. Je me suis complètement retrouvée en vous comme une sœur jumelle

    1. virginie a dit :

      Je prends cela comme un compliment alors. Bonne soirée.

  3. Usseglio Catherine a dit :

    Toujours aussi lucide,Virginie

    1. virginie a dit :

      et j’espère bien le rester:).Je t’embrasse.

  4. Merci Virginie pour ta lucidité et ce joli partage qui me fait sourire tant il me ressemble

    1. virginie a dit :

      Je me sens moins seule 🙂
      Bonne journée. V

  5. « Alors je me dis que Socrate ne connaissait pas les « nouvelles vieilles » que nous sommes, tout sauf sages ou raisonnables », elle nous plait beaucoup cette phrase !
    C’est notre lot de consolation …

    1. virginie a dit :

      Et oui, nous sommes capables de remettre en cause Socrate, ce n’est pas rien 🙂

  6. Florence Lorin a dit :

    Excellent !

  7. verorouge64 a dit :

    Mon Dieu comme je le retrouve complètement dans ton post! Aurais-tu complètement cerné l’état d’esprit de nous autres sexagénaires en recherche ?je vais devoir assumer d’être une vieille ado intranquille !

    1. virginie a dit :

      Assumons !

  8. Courtois - Saltiel a dit :

    Bonjour Virginie,
    Toujours contente de te lire et de te suivre de cette façon.
    « Il nous fallut (faut) bien du talent pour être vieux sans être adultes. »
    Cela me va bien !
    Marie José

    1. virginie a dit :

      Je t’embrasse fort et joyeuses fêtes.

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