C’est pas demain la vieille !

Contestation positive !

Positive ! Le bel adjectif pour décrire chacune d’entre nous. Mais aussi gaie, dynamique… Créatif, fun, joyeux mais aussi militant, voici ceux pour qualifier C’est pas demain la vieille. Un projet artistique, auquel nous participons, en train de devenir une vraie petite communauté de femmes de plus de 55 ans qui souhaite changer les regards sur la vieillesse et honorer notre vitalité.

Enfin un regard positif !

Je ne vais pas cacher que j’ai pu être (et le suis toujours un peu) angoissée à l’idée de vieillir. Ma mère en était terrorisée et j’ai grandi avec aucune image positive du vieillissement. Alors que je sens bien, qu’avec les années, je ne corresponds pas, dans ma tête, dans ma façon de vivre, à mes propres clichés sur les femmes de plus de 50, 60 ans…Même si j’essaie de les déconstruire avec ce blog depuis 9 ans maintenant.

Les choses changent et nous faisons toutes partie prenante de ce changement.

Sandrine Alouf, atmosphériste (qui se définit comme une créatrice de voyages immobiles) est une artiste aux multiples talents. Profondément choquée suite à la réflexion d’un publicitaire (un homme) lors d’un de ses événements à sa galerie (L’œil bleu) – « On ne montre pas de femmes de plus de 50 ans, ça n’intéresse personne »-, elle a voulu monter ce projet pour prouver à quel point nous sommes pleines de dynamisme, d’envies et de rêves. Avec comme « arme » l’humour et le second degré.

« Je vis de rencontres et d’impulsions. De réflexions sur le monde, ce que j’aime, ce qui me heurte.
J’ai été surprise de ma propre perception de la vieillesse même si je ne suis pas du tout angoissée à l’idée de vieillir. J’ai eu la chance d’avoir une grand-mère géniale qui m’a légué tout un imaginaire positif sur la question. Mais j’ai rencontré des femmes pour qui cela pouvait être difficile de devenir invisibles au fil de l’âge. Elles disparaissent des media, des magazines de mode, du cinéma. Comment se projeter dans la société si on ne se voit pas ? Alors, je veux montrer des femmes vivantes, inspirantes, pleines d’histoire et d’espoirs. »

Pour nous, plus d’une vingtaine de femmes venues de tous horizons, l’aventure a commencé l’hiver dernier par de réjouissantes journées de shooting sous l’œil bienveillant de Sandrine.

Une expo joyeuse et colorée.

La mode est très discriminante pour les plus de 50 ans ? Alors, allons sur son terrain pour faire un pied de nez au jeunisme. Nous nous sommes donc follement amusées à parodier des photos de mode et/ou iconiques. Sandrine a sélectionné un certain nombre de clichés et a minutieusement choisi, en fonction de chacune d’entre nous, laquelle nous pourrions incarner.

Moi, je suis « devenue » le modèle Iris Strubegger en ménagère griffée Dolce & Cabbana dans une série pour le Harper’s Bazaar allemand (2017)

Oui ! Sandrine a beaucoup d’imagination 🙂

L’expo a lieu à L’œil bleu jusqu’au 25 septembre (De 14h à 18h30) avant de partir, on l’espère, « en tournée » en France et en Belgique.

Elle se veut bien évidemment intergénérationnelle (venez avec vos filles, vos fils), pour se questionner ensemble.

C’est ce que j’aime aussi énormément dans le projet de CPDLV, c’est cette idée d‘être des passeusses. De pouvoir, peut-être, servir d’exemple du #VieillirCool. J’ai souvent dit sur le blog que nous étions une génération assez pionnière dans notre vieillissement. Nous ne sommes pas dans le refus, nous l’acceptons mais pas les clichés accolés.

Merci également à Anne Prudhomme pour le stylisme de ouf et à Jérome Guézou pour le maquillage et la coiffure.

A l’œil bleu : 32 rue Notre Dame de Nazareth, 75003 Paris.

Positive Agitude !

C’est une attitude qu’il faut sans cesse « travailler » et nourrir. Sandrine fourmille d’idées pour faire grandir, s’épanouir ce projet. Comme elle le dit : « J’ai mis le doigt dans la prise… « 

Car au delà du résultat photographique formidable, c’est le « voyage » qui fut presque encore plus beau. Que de rencontres avec des femmes si riches de leur vécu ! Je vous avais d’ailleurs présenté l’une d’entre-nous Diane dans cet article : Diane et Alyssa Jos. 

Nous tissons des liens via un groupe WhatsApp, on se parle, on s’encourage, on se félicite… C’est pas demain la vieille est aussi maintenant une communauté en devenir pour s’interroger, s’offrir des moments de rencontre et de partage et bousculer ensemble les regards sur l’âge et le fait de vieillir.

Par exemple, Sandrine a initié un atelier sur les mots, ceux qui nous manquent pour nous décrire, parler de nous, de l’avancée en âge avec joie et vivacité. Car la sémantique est également un élément important de notre perception. Comment se reconnaître dans senior, dame, retraitée, has been…?

Nous avons alors évoqué Pop-Age, ChampAge, les épicées, les bondissantes… Des mots qui rajoutent du mouvement, de la couleur, du relief, de la joie, du pétillant…

 Dé-négativer le vieillissement.

L’expression « c’est pas demain la veille », détournée ici est l’expression familière qu’une éventualité a peu de chance de se produire prochainement.

Alors, ce projet artistique, cette communauté, c’est aussi cela : Prouver, peut-être à nous en premier, mais surtout à la société que vieillir (en bonne santé, bien sûr) n’est pas synonyme de dégringolade ou d’entrave.

Nous avons toujours de folles envies et encore des milliards de choses à faire. Nous voulons nous faire plaisir, déconner, nous avons des projets, le besoin d’apprendre de nouvelle choses… Bref, nous avons toujours envie d’avoir envie.

Alors Ce n’est pas demain la veille vieille…

• Que je vais arrêter de chanter. De me prendre pour Tina Turner ou Mick Jagger. Natacha (57 ans)
• Que j’arrête de fumer, bouffer, faire du ski, faire du cheval, vivre quoi. Dans ma tête, je crois que j’ai plus souvent 17 ans que 60 ans. Pauline (60 ans)
• Que l’on va m’empêcher de grandir encore. Anne (60 ans)
• Que je ne vais plus faire ce qui me plait, ce qui m’amuse, des conneries,. Si j’arrête, je vais vieillir. Kyoko (64 ans)
• Que ma vie manquera de panache. Valérie (55 ans).
• Que l’on me mettra sur le bas côté de la route. Victoria (64 ans)
• Que je vais arrêter d’aimer, de pousser des portes pour faire des rencontres, avoir des surprises. Christine (62 ans)
• Que je vais me laisser abattre, manquer de dynamisme et de projets. Emmanuelle (60 ans)
• Que je vais arrêter de travailler. Maé (62 ans)
• Que je ne vais plus porter des boucles d’oreille fluo, en forme de bonbons et changer de métier tous les 3/4 ans quitte à retourner à la fac pour me former Et que je vais arrêter d’être « bisounours » et tant pis si je pleure, au moins je suis riche de tout. Carole (60 ans)
• Que ma curiosité va se tarir. Virginie ( 60 ans)
• Que je cesserais d’alimenter ma joie, de vivre tous les moments de bonheur, d’apprécier et d’être dans la gratitude.  Leila (58 ans)
• Que je vais m’arrêter de parler, il faut parler. Il faut se rendre visible, audible.  Annie (80 ans)
• C’est pas demain la vieille que je vieillirais, que je me sentirais vieille. Jeune Vieillis Pas (60 ans)

Tous les témoignages sont à voir sur l’Instagram C’est pas demain la vieille. Et n’hésitez pas à vous abonner : Toutes ensemble !