Le bonheur ride le coin des yeux tout en étant notre plus bel allié pro-âge.
Aujourd’hui, le bonheur est devenu le critère ultime d’une vie saine et bien remplie. Mais, on ne parle plus de Bonheur avec un grand B.
Ce qu’il nous faut : des petits bonheurs pour vivre, vieillir sereinement.
Le développement personnel pour tous !
Tu ne médites pas? Tu ne fais pas de yoga ? Non, mais tu es en train de râter ta vie !
Les pontes du développement personnel font salle comble. Les stars se vantent de leur nouvelle spiritualité bouddhiste ou autres. On discute philo dans les dîners en ville ou au café -nombre de podcats nous ayant donné de quoi alimenter ces conversations. Sur nos tables de nuit s’empilent des livres qui nous parlent épanouissement ou psychologie positive et qui nous enjoignent à être zens et épanouis.
La recherche d’une sérénité libératrice n’est plus l’apanage de quelques intellos en plein questionnement.
La vraie revendication de notre siècle : le bonheur pour tous ! Et surtout : aujourd’hui !
Enfants, nous étions des surdoués du bonheur.
Éclats de rire sans pudeur ; état de transe jubilatoire devant une nouvelle Barbie ; extase pleine de foi en l’avenir devant une fourmilière…
On avait surtout la capacité, si enviable quelques années plus tard, à vivre l’instant présent.
Gamins, on ne pensait pas que la Barbie qui sortirait dans 6 mois serait encore plus jolie ou que la fourmilière risquait d’être anéantie par un gros orage.
On a grandi, et l’on a plutôt appris à développer nos idées noires.
Mais notre génération se rebelle !
Contrairement à nos grands-parents qui attendaient des jours meilleurs. Pour nous, le bonheur, c’est à la fin de la semaine, au plus tard !
Le bonheur, ça se travaille.
La vraie bonne nouvelle prêchée par un nouveau type de littérature est que, même si l’on n’est pas très doué, on peut quant même progresser.
Bouquins de philo, livres de « psycho-pop », ouvrages mêlant santé et développement personnel, compilation de petites phrases à méditer quotidiennement (genre : Le bonheur n’est pas au bout du chemin, c’est le chemin), nous prennent par la main pour nous apprendre à, au moins, gagner en aptitude à être heureux.
Car peut-être avons-nous changé notre définition du bonheur ?
Ce n’est plus une notion un peu abstraite réservée à des sages emplis de spiritualité et tout Amour (avec un grand A).
On cherche avant tout à être juste bien, profiter de chaque instant en acquérant une certaine sérénité. Ce qui passe par (re)trouver une bonne estime de soi pour arrêter de courir après l’inaccessible et apprécier le Ici et Maintenant.
J’aime beaucoup par exemple cette notion de « fluidité » évoquée dans ce post : De la fluidité…
Car, finalement, c’est quoi le bonheur.
Pour les sociologues, c’est le « degré selon lequel une personne évalue positivement la qualité de sa vie dans son ensemble ». Ou pour André Comte-Sponville : « On peut appeler bonheur, tout espace temps où la joie paraît immédiatement possible. »
C’est bien cela que l’on recherche : avoir des petits bonheurs au quotidien dans chaque domaine de sa vie, en famille, au boulot, avec ses amis. On se tourne vers soi-même mais aussi vers les autres. On a surtout mieux compris que le bonheur n’était pas un état stable. On cherche donc à y travailler au jour le jour. On se concentre alors sur le fait de devenir plus apte à vivre heureux. Nos plus gros progrès se situent là.
Nous avons aussi pris conscience qu’il était intérieur.
Et qu’il passe donc par une plus grande spiritualité. L’accumulation de biens matériels nous a laissé comme un goût d’insatisfaction. On veut de L’INTERIORITE. On n’est pas plus religieux qu’avant, on l’est autrement. On s’est concocté notre propre petite recette. En puisant finalement dans les religions et les diverses philosophies orientales, ce qui nous parle.
La spiritualité d’aujourd’hui : des croyances à la carte. Le nouveau croyant est un « zappeur » en quête de sa propre vérité, sans dogme juste en puisant ce qui l’intéresse et lui parle au plus profond de son cœur, en fonction de ses besoins et de ses intérêts.
La spiritualité devient thérapeutique. La méditation séduit de plus en plus d’occidentaux. Elle n’est plus l’apanage de quelques « illuminés » la pratiquant dans une position défiant toutes les lois de la gravité du corps humain Elle devient un petit quart d’heure de sérénité quotidienne appréhendée comme une véritable méthode anti-stress, pratiquée comme une hygiène quotidienne laïque. On offre à son esprit les soins que l’on prodigue habituellement à son corps.
Enfin, on a également compris que cette quête passe aussi et d’abord par le corps.
Il faut d’abord être bien dans son corps avant de l’être dans sa tête.
On s’occupe de plus en plus de soi, on se chouchoute, on se fait masser. On ne se lave plus, on pratique la relaxation active dans un bain.
Cette recherche du bonheur est aussi un besoin de se sentir dans une présence plus harmonieuse au monde. On mange de plus en plus bio. Les néo végétariens (qui privilégient les fruits et les légumes mais sont capables d’apprécier une bonne côte de bœuf de temps en temps.) sont le nouveau groupe de référence. On apprend à respirer. Les cours de chant affichent complets. Les produits se veulent écolos ou commerce équitable. La déco de nos maisons devient holistique, prenant en compte la globalité de notre personnalité pour être en osmose avec le cosmos. La plupart des pubs qu’elles soient pour une voiture ou une crème amincissante nous promettent quasiment le Nirvana.
Car, il faut aussi l’avouer, finalement, le bonheur est aussi devenu un réel bien de consommation.
Les 5 injections de bonheur les plus efficaces.
5 points pour cultiver son aptitude à voir le verre complètement plein.
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Se piquer à la méthode Coué.
Coué était un pharmacien du début du XXe siècle qui a mis au point une méthode d’autosuggestion conscience. Le principe? Se répéter des phrases positives comme : « Tous les jours, à tous les points de vue, je vais de mieux en mieux ». Ça l’air con, mais ça marche !
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Bien doser les réseaux sociaux.
On y montre que le ‘bien », le « beau ». Sur Internet, nous avons tous l’ambition de paraître heureux. Ce qui finit par devenir trompeur sur sa vraie vie. Bref, cela donne le sentiment que les autres profitent bien plus que nous. Moi par exemple, on me dit souvent que je pars tout le temps. Non, mais je ne me photographie pas le samedi soir soir seule sur mon canapé devant The voice.
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Éviter la sur-dose.
Attention malgré tout à la tyrannie du bonheur.
On a le droit de ne pas être au top tout le temps. Le coup de moins bien fait aussi partie du chemin.
Finalement à force de nous répéter sois heureux, cela peut nous rendre malheureux. Ou tout au moins nous amener à sans cesse nous questionner : suis-je assez heureuse, épanouie sereine…?
Moi, je sais que je suis une spleenée. Mais j’aime cela aussi. Cela fait partie de mon caractère, cela fait aussi ma différence, ma créativité.
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Instiler un peu de mauvaise humeur.
Râler, c’est bien aussi !
On est pas obligée de tout PO SI TI VER. Ce sont souvent la colère, les émotions négatives qui nous aident à sortir de situations qui ne nous conviennent pas.
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Se shooter aux bons souvenirs.
L’évaluation du bonheur est le plus souvent après coup. J’avais assisté à une conférence de Yves-Alexandre Thalmann il y a quelques temps. Voir ce post : Vive les juniors! Dans son livre, On a une seconde chance d’être heureux (éd. Odile Jacob), il explique que se dire heureux, évaluer son bonheur, c’est essentiellement une réflexion et pas seulement une émotion. L’idée est d’utiliser le fonctionnement de la mémoire pour aller dans le sens d’un apaisement et d’une vie plus épanouie. Comme lorsque l’on fait un album photo (oui, je fais toujours des albums photos), on en choisit que les meilleurs clichés.