Femmes, je vous aime !

Autodérision : forme d’humour, attitude consistant à savoir rire de soi-même.

Femmes, je vous aime! Et plus je grandis, plus je vous aime. Je vous trouve spirituelles, sachant si bien manier le second degré. Votre capacité à parler « cash » me réjouit. Votre aptitude à rire de vous-mêmes m’enthousiasme.  Même si cela peut aussi être, parfois, pour ne pas pleurer. Oui pour moi, l’autodérision est vraiment un mot féminin.

 

Autodérision vs névrose(s) et « charge mentale ».

La vie sauvage des femmes de Bénédicte Brézillon.

 

 

Agathe est l’archétype de la bourgeoise. Contrairement à la génération précédente de femmes de son milieu, elle s’est mariée relativement tard (elle a su s’amuser), elle bosse (elle sait s’assumer). Elle passe la quarantaine, elle a enfin moins la tête dans le guidon. Les enfants ont grandi, elle est professionnellement en vitesse de croisière. L’usure du couple devient un sujet. C’est le temps des premières rides contrariantes et des névroses qui remontent !

La vie sauvage des femmes est le premier roman de Bénédicte Brézillon.

Elle le veut comme un hommage aux femmes qui l’entourent.

« Je trouve les femmes très drôles. Elles ont une  charge mentale si importante sur leurs épaules. À force de vouloir tout bien faire, elles n’ont jamais le sentiment de « bien faire ». Ce qu’elles s’imposent n’est jamais suffisant. Elles sont étouffées par tout ce que l’on attend d’elles. Alors, elles s’inventent de la légèreté sur des sujets qui n’en ont pas toujours. Elles bottent en touche grâce à l’humour. Elles rient de tout : de leur âge, de leur travail, de leurs rides, de leurs kilos en trop… Plutôt qu’être dans la plainte. Ce système d’autodéfense me rend très admirative.

Je voulais aussi aborder le thème de la fragilité. Souvent les femmes, alors qu’elles doivent assurer sur tous les fronts, n’osent plus montrer leur fragilité. Surtout dans un milieu privilégié, tu te sens encore moins le droit de ne pas aller bien. Mon héroïne est aussi en quête de sens. Se renouveler après 40 ans, c’est compliqué.

 

Le monde sauvage des femmes de Bénédicte Brézillon, JC Lattès.

.. Le dîner de filles de plus de quarante ans est une thérapie de groupe sans thérapeute au cours de laquelle chacune vide son sac parfois au sens propre, le plus souvent au sens figuré…. Vanessa est une des meilleures conteuses du groupe. Elle excelle dans l’art de raconter l’insignifiance du quotidien avec vivacité et espièglerie …

Elle enchaîne sur son rendez-vous raté de la journée, un prospect beau gosse qui aurait pu gonfler sa prime d’intéressement et glisser par inadvertance une ou deux fois dans ses draps.  » Les filles, c’est le jour J, le meeting point est  à Lille à 14 heures, je  suis à la bourre évidemment donc de je cours jusqu’à la gare du Nord pour choper mon Thalys, avec mon coiffé laqué à l’Elnett et mes bottes Roger Vivier qui me font des jambes de salope. J’arrive à Lille-Flandres vers 12H45 et je fais une halte chez Lina’s pour me grignoter un petit sandwich… le pavé graines de pavot au saumon fumé, sauce formage blanc-fines herbes, accompagné d’un thé Arizona. …. À 13h40, je passe rapidement par les lavabos du restaurant, je me donne un coup de peigne et me voilà partie à la rencontre de l’homme qui tombe à pic… Quand les portes de l’ascenseur s’ouvre, il est déjà là. Une bombe humaine… Il m’indique la direction vers son bureau, je passe devant et j’avance avec une démarche élégante, légèrement déhanchée, version « tu peux m’avoir mais ce n’est pas simple ». Il me demande de m’assoir et s’installe en face de moi. 
La bombe me sort son produit, m’évoque sa valeur ajoutée, remet sa mèche châtain clair en place, me précise sa cible, son discours est clair, concis et efficace. Moi, je le regarde avec la niaiserie de la post-quarantenaire qui pense qu’elle a tout pour elle. Je souris bêtement à tout ce qu’il dit en le regardant dans les yeux…. Conscience du ridicule de la situation, je repars à 360°. Pof, d’un seul coup, je me redresse, j’adopte un ton business, et je hisse le débat avec une maestria qui n’a d’égale que ma mythique félinité…. Je sens qu’il accroche à tout ce que je dis mais le plus important n’est pas là ! Le plus important, je le trouve dans son regard. Il ne me lâche plus et observe ma bouche comme on découvre par hasard le fruit défendu. En frétillant intérieurement, je réalise que je tiens le compte double : le client et la belle histoire. Nous nous mettons d’accord pour une proposition complète et chiffrée de ma part sous huit jours, il me raccompagne à l’ascenseur et me serre la main avec ses yeux qui déshabillent. Quand la porte de la cabine se referme, les vapeurs irrésistibles de la winneuse montent au creux de mes reins. Je me congratule dans le miroir avec un auto-clin d’œil, je me regarde dans les yeux  en pensant à la totale félicité qui m’attend dans les semaines qui viennent, je réactive mon sourire ravageur.Et, là… Là, sur toutes mes dents… Des points noirs disséminés partout, un clavier de chicots! Et puis des trucs qui dépassent de chaque interstice, des touffes persillées, du débordement de culotte d’écologiste! Et moi qui ai souri comme une abrutie pendant trois quarts d’heure ! Tu m’étonnes qu’il me regardait bizarrement ! Il matait un poney qui vient de brouter…..

 

Bénédicte pose devant une œuvre de l’artiste plasticienne Floriane Lisowski dont je vous invite à découvrir le travail sur son site : www.florianelisowski.paris

Autodérision vs (r)évolutions hormonales.

Anatomie d’une vie de femme épanouie  de France Carp avec Catherine George-Hoyau

 

 

Je ne pense pas qu’un homme serait capable d’évoquer son premier toucher rectal avec autant de recul et d’humour que France Carp aborde sa première mammographie.

De la puberté aux prémices de la ménopause (et à son acceptation), France ( journaliste « forme », conférencière et professeur à Paris XII ) avec Catherine (journaliste de la presse féminine, spécialiste en santé et bien-être) raconte avec un vrai sens de l’autodérision le journal hormonal de son corps. Avec des témoignages d’experts scientifiques et médicaux.

Bref de la pertinence et de l’impertinence !

« J’en ai un peu marre que « tout » s’accapare le corps de la femme. La politique pour l’instrumentaliser, l’art pour le sublimer ou la religion pour le sacraliser. Il est toujours interprété par quelque chose qui n’est pas la femme. J’ai donc voulu parler de MON corps. Le raconter comme dans un roman qui serait entrecoupé par des éclairages de professionnels de la forme et de la santé. Je voulais que chaque femme puisse se reconnaître et mieux se comprendre. Je voulais quelque chose « d’engagé » dans la manière de parler des choses. J’ai voulu parler cash tout en apportant beaucoup de tendresse. Et aussi que les femmes rigolent.  Rire est la meilleure façon de ne pas être rattrapé par l’aigreur, qui serait pour moi la pire des choses.  L’humour fait passer plein de choses. Et pouvoir aborder des thèmes tabous et en rire n’est pas l’apanage des hommes. « 

 

Anatomie d’une vie de femme épanouie, le journal hormonal de mon corps de France Carp avec Catherine George-Hoyau, Hugo, New Life. 

J’ai rendez-vous chez la « un peu moins sylphide » gynéco. Oui, elle aussi a pris quelques kilos depuis le temps que je viens la voir, au nom de ma féminité, de ma maternité, de mon intimité, elle en est la spécialise après tout. Du coup, elle m’a l’air moins suspecte. Elle aussi se fait avoir par sa chimie interne. C’est bête mais ça rassure…. Moi, j’ai une obsession quand je vais chez elle. J’ai toujours peur de sentir mauvais.
Et je me persuade que je sens mauvais. Maintenant que je vieillis, j’y crois encore plus qu’avant.Une heure avant d’y aller, je suis toujours dans le même rituel quasiment compulsif comme ces gens qui ont des tocs, ces gestes répétitifs qu’ils croient magiques pour éloigner leurs phobies… Je me lave le sexe à l’eau claire, une eau de source au pH 7 pour un parfait équilibre d’ions H+ et OH-…. J‘ai choisi ma petite culotte pour qu’elle corresponde exactement aux us et coutumes de ce rendez-vous (blanche, couvrante, haute et 100% coton + le soutien-gorge coordonné) et je la mets juste avant de partir…

… Couchée sur la table, j’essaie de me détendre tandis qu’elle me questionne en me tâtant de partout. « Donc, vous avez grossi, je vois ça… Vous avez des sautes d’humeur. Et, vous avez toujours vos règles régulièrement?

– Oui.

– Votre mère a eu sa ménopause à quel âge?

Évidemment que je ne lui ai jamais demandé

– Elle est morte.

….

– Bon. Vous êtes périménopausée.

Périménopausée? Littéralement : vous êtes autour de la ménopause.

Plutôt que le « préménopausée » habituel qui veut tout aussi littéralement dire avant la ménopause. Je ne comprends pas très bien la subtilité. 
Si ce n’est que tourner autour du pot a toujours quelque chose d’insidieux, un truc pas franc qui cache puis augure souvent un autre truc carrément coriace et difficile à vivre…. Ou alors… périménopause, comme on dit « technicienne de surface » au lieu de « femme de ménage » : un néologisme hormonal qui modernise la pathologie en lui donnant un coup de jeune. 

Allez, je vous laisse avec The queen de l’autodérision cash: Blanche Gardin. On a beaucoup vu cette vidéo tournée sur Facebook, mais je ne résiste pas à vous la re-montrer.

 

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9 commentaires

  1. Merci Pour ce petit bonheur du samedi matin. Moi aussi plus je vieillis plus j aime et admire les femmes

    1. virginie a dit :

      Bon dimanche Catherine !

  2. Rose a dit :

    Très bien cet article ! Je cours acheter ces deux livres. Quant à Blanche Gardin elle est géniale.
    Bon moi j’ai 60 ans et je n’ en reviens pas. Le plus important est de rester alerte de corps et d’esprit (j’apprends le piano avec bonheur)
    Il ne faut rien lâcher .
    Bises à toutes

    1. virginie a dit :

      Bravo d’apprende le piano. Quelle bonne idée.

  3. C’est vrai, nous les femmes nous avons beaucoup d’humour que nous utilisons comme autodéfense. Les hommes ne sont pas capables de se moquer d’eux-mêmes avec autant autoderision. Ils ont aussi moins l’habitude de se confier, même entre amis. Ils n’osent pas perdre la face. Les pauvres…

    1. virginie a dit :

      oui, ils ne savent pas ce qu’ils ratent, le bien que cela fait 🙂

  4. Anita a dit :

    Quel bonheur ton article Virginie, j’en ris encore ! Du grand art l’autodérision . Merci

  5. Amarige a dit :

    Prochaines lectures réjouissantes…merci !

  6. Merci pour la découverte de ces livres! Et Gardin! Aaah… Soupir de satisfaction…. Je peux la revoir inlassablement.

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